Chronique | The Great Old Ones - Tekeli-li

Pierre Sopor 16 avril 2014

Après Al-Azif, un impressionnant premier album qui s'attaquait au mythe de Cthulhu cher à Lovecraft, les bordelais de THE GREAT OLD ONES nous replongent dans leur univers avec Tekeli-li, nouvel hommage au maître de l'épouvante de Providence. Comme son titre l'indique aux lecteurs avertis, l'album sera cette-fois dédié au roman Les Montagnes Hallucinées, dont certains passages sont cités en français à plusieurs reprises au cours de l'album. L'oeuvre de Lovecraft a très souvent servi d'inspiration aux musiques qui nous intéressent, mais de THE VISION BLEAK à METALLICA, en passant par SEPTICFLESH, jamais un groupe n'avait su capter l'essence même des récits lovecraftiens comme y parvient THE GREAT OLD ONES. Leur black metal retranscrit aussi bien la folie que la froideur qui se dégage du roman, alors que les longs passages ambiant, les superpositions de nappes et des guitares ainsi que les nombreux breaks dans les morceaux instaurent le climat de mystère nécessaire. Musicalement, on pense par exemple au trop méconnu V:28, autre groupe mêlant avec succès black metal et ambient, ou aux américains de WOLVES IN A THRONE ROOM et leur travail atmosphérique. Tekeli-li nous marque grâce à ses ambiances, la longueur des morceaux et leurs richesses donnant à l'album un vrai coté narratif, impression évidemment renforcé par les extraits du livre. A l'image du roman les inspirant, les musiciens de THE GREAT OLD ONES réussissent à faire cohabiter l'horreur implacable mais aussi une menace plus diffuse, nous plongeant dans un univers à la fois glacial, noir et onirique. Que ce soit en introduction de l'album, pendant The Awakening ou à la fin de The Ascend par exemple, jamais les coupures ne viennent affaiblir les compositions, leur donnant au contraire une épaisseur et une âme qui justifient l'écoute intégrale de l'oeuvre. La puissance évocatrice de leur travail est telle que l'on adorerait voir ce que cela donnerait devant des images projetées, à la façon du groupe de doom / drone YEAR OF NO LIGHT, des bordelais eux aussi. Et là où bien des groupes recrachent leurs références avec application, THE GREAT OLD ONES en saisit le souffle, s'appropriant l'ambiance si particulière de l'oeuvre de Lovecraft pour la transposer en musique.