Chronique | Slipknot - .5 : The Gray Chapter

Pierre Sopor 17 octobre 2014

... Et finalement, SLIPKNOT s'est remis du décès de son bassiste Paul Gray. Après la tragédie, Corey Taylor disait qu'il n'y aurait pas de nouvel album et Joey Jordison prétendait le contraire. Et paradoxalement, c'est après s'être débarrassé de son batteur star que SLIPKNOT revient avec .5 : The Gray Chapter, dédié à leur camarade mort il y'a quatre ans. Son fantôme hante l'album dès l'ouverture, XIX, marche funèbre puissante qui nous prend aux tripes. Et puis arrive le chaos, avec Sarcastrophe. On est surpris de retrouver le groupe en si bonne forme, dégageant une rage et une puissance que l'on croyait perdue. Sur son nouvel album, SLIPKNOT semble avoir trouvé l'équilibre parfait entre la violence de leurs premiers efforts et passages plus mélodiques qui permettent de faire respirer les morceaux. Et qui laissent aussi Corey Taylor nous démontrer l'étendue de ses talents vocaux. Après un début aussi furieux que Sarcastrophe et Aov, le premier single The Devil In I semble presque festif, mais d'une efficacité rare. SLIPKNOT maîtrise son sujet à fond, et il est impossible de résister à une première partie d'album particulièrement accrocheuse. Ce n'est pas ce qu'on a entendu de plus surprenant, mais c'est particulièrement jouissif. Des refrains comme ceux de ce single ou de Skeptic, on en veut bien tous les jours! Alors bien sûr, tout n'est pas parfait. On n'échappe pas à la chanson-triste-pour-se-scarifier (rire narquois) qu'on n'écoutera sûrement pas deux fois (Goodbye), ni à un petit coup de mou lors de la deuxième moitié du disque (c'est qu'à force, on connait la recette), et des morceaux comme The One That Kills The Least ou Nomadic n'aident pas franchement à la digestion. Et pourtant, The Gray Chapter contient encore un sacré bijou avec Custer pur déchaînement de haine qui nous renvoie tout droit en 2001, et où SLIPKNOT se souvient que pour un bon refrain il suffit de beugler trois ou quatre mots comme des gorets. C'est con, c'est régressif, ça embêtera sûrement la vieille dame du dessous, mais qu'est ce que ça fait du bien ! Et même la ballade de fin If Rain Is What You Want, à la puissance croissante, fait son effet. Avec leur retour, SLIPKNOT démontre qu'ils savent sortir un bon gros disque bien gras, un vrai blockbuster musical : la formule fonctionne parfaitement, ça va cartonner, on va accrocher un temps et se déchaîner comme des petits fous sur Custer, The Devil In I ou Skeptic, et puis on finira par passer à autre chose.