Chronique | Sever the Servants - Sever the Servants

Pierre Sopor 26 juillet 2022

SEVER THE SERVANTS associe deux artistes habitués à évoluer dans les ténèbres, Hide Tepes du projet de black metal industriel minimaliste CARRION et Mike Nolen qui sévit en solo avec son projet electro indus HITCHCOCK GUILLOTINE mais également dans le groupe de rock industriel LONG AFTER MIDNIGHT. Ensemble, on ne les imaginait donc pas faire dans le festif : Sever the Servants est un premier mini-album  / gros EP fait de synthés modulaires et d'ombres rampantes.

Des pulsations feutrées et des basses semblant provenir d'abysses océaniques plutôt que de gros beats agressifs, de sinistres murmures plutôt que des hurlements conquérants : SEVER THE SERVANTS ne propose pas d'hymne fédérateurs mais plutôt une succession de paysages lugubres et malsains, tout en retenue et en minimalisme. Si quelques mélodies discrètes se mettent en place, on apprécie surtout le côté hypnotique quasi reptilien des synthés, l'ambiance étouffante de l'ensemble et l'atmosphère macabre qui en résulte. Jamais les deux musiciens ne laissent exploser ou respirer leur musique, nous maintenant prisonnier d'un brouillard ambient opaque et apocalyptique qu'aucun élément extérieur (pas de samples, rien) ne parvient à percer. La mélodie sinistre et minimaliste de Dread Bloom, les notes perçantes et dissonantes de Cruel World, les beats anesthésique de Nowhere, les nappes de Haunt Me évocatrice d'un monde mort : SEVER THE SERVANTS cultive la lenteur et tisse peu à peu une toile faite de menaces et de ténèbres dans laquelle l'auditeur finit par se retrouver piégé, suffocant.

Sous condition d'adhérer à ce style lo-fi, Sever the Servants est une œuvre qui n'a pas besoin de surenchère ni d'artifices pour faire son effet, l'économie de dispositif décuplant la puissance de l'intention. Dense et sombre, cette première sortie pose les bases d'un style corrosif, glauque et claustrophobe fascinant. Less is more, SEVER THE SERVANTS le prouve.