Chronique | Motionless in White - Graveyard Shift

Demona Lauren 13 mai 2017

Il y a encore peu, les disques de MIW restaient derrière la grande discographie des KORN, SEPULTURA et KREATOR chez les disquaires. Aujourd'hui, tout est différent. Difficile de ne pas connaître au moins de nom le combo américain originaire de Pennsylvanie aux Etats-Unis. Fondé en 2005 par le guitariste et chanteur Chris Cerulli dit "Motionless" et ses amis, le batteur Angelo Parente, le guitariste Frank Polumbo et le bassiste Kyle White, le groupe s'inspire d'abord de pointures telles que SLIPKNOT, MARILYN MANSON ou encore POISON THE WELL. La même année, ils font paraître une toute première démo qui leur permet d'être finalement repérés par la Warner en 2007. Après un premier EP en 2007 intitulé the Whorror, MIW enchaîne avec Creatures en 2010. Le groupe prend grandement son envol sur Infamous, sorti deux ans plus tard, fort de ces très bons titres Devil's Night ou encore A-M-E-R-I-C-A. La tournure metalcore gothique industriel est finalement confirmée par l'album Reincarnate, probablement l'un des meilleurs du combo. Après un début plus screamo, pas forcément du goût de chacun, Cerulli et ses amis ont du combiner son dark et sonorités brutales. Que fallait-il alors attendre de Graveyard Shift?

Rats, qui sert d'opening à l'album est à l'image de l'électronisation des sonorités saturées du nouveau MIW. Dès le début, Chris Motionless pose sa voix grave, souvent comparée (mais, cependant, bien à tort) à celle de Brian Warner alias Marilyn Manson selon un rythme qui rappelle les deux titres phares de l'album Infamous. Le morceau comprend, lors du pont, quelques nuances intéressantes en terme de mélodies mais ne permet pas encore de se faire une idée précise du chemin emprunté. Queen for Queen, quant à elle, est une parfaite représentation du metalcore américain. Seul bémol, les vocales se distinguent davantage que sur le reste des titres. Bien que la brutalité de la mélodie soit importante, il semblerait que Cerulli accorde davantage d'importance aux paroles sur ce titre en particulier. Necessary Devil, en collaboration avec Jonathan Davis du groupe KORN, débute sur des bases metal avant de finalement y incorporer des sonorités également électroniques. Bien que le morceau n'ait rien d'innovant en tant que tel, il constitue probablementt l'un des meilleurs titres de l'album. De façon logique, Soft et Intouchable semblent en être la continuation. Arrive Not my type : Dead as Fuck 2 qui constitue la réponse à Dead as Fuck, rappelez-vous, 11ème titre de l'album Reincarnate. Fait intéressant, Dead as Fuck 2 arrive en 6ème position dans Graveyard Shift soit à la parfaite moitié de l'album. Un hasard ? Quoi qu'il en soit, le morceau sert tout particulièrement à rappeler l'identité première du groupe faite d'esthétique sombre, délirante, quelque peu burlesque parfois mais surtout très cinématique. Difficile évidemment de ne pas se souvenir de Sinematic, 7ème titre de l'album Infamous. Comme à son habitude, Dead as Fuck 2 joue avec la thématique des parcs d'attractions d'horreur, Hollywood et finalement la série de films Halloween, fruit de l'imagination de Rob Zombie et John Carpenter, dont Chris Cerulli est lui-même particulièrement adorateur. Après cette pause cinéma, le rythme s'emballe grandement avec The Ladder. Brutal et bruyant, le morceau reprend pourtant le chemin du metalcore à chaque refrain. Un grand dommage puisque la brutalité de chaque couplet lui donne justement toutes ses lettres de noblesse. Voices, à l'inverse, peut être perçu comme un bon morceau pour les pro-metalcore mais un titre bien cliché pour les autres. Sa popularité dépendra alors de l''oreille qui l'écoute. Loud (F*ck it), déjà connu du public pour être sorti en clip il y a peu, est un morceau bien pensé, avec esprit, et teinté de sonorités plus hard rock américain bien vintage. Nouveau détour metal avec 570. Pourtant, non, vous n'écoutez pas KILLSWITCH ENGAGE mais bien MOTIONLESS IN WHITE. Morceau tout à fait personnel, le titre reprend les chiffres du code postal régional de la maison mère de Cerulli. La chanson n'est alors rien d'autre qu'une ode au chemin parcouru par un garçon qui lutte par monts et par vaux, sans argent et au sein d'un environnement peu prometteur, qui finalement atteint ses sommets après 10 ans de vie sur la route. Le petit garçon de la pochette de l'album ? Une véritable autobiographie en tout cas. Hourglass est thématiquement la suite logique de 570 puisqu'elle fait la narration d'un sablier qui continue de couler pendant que la vie passe. Le garçon en question, devenu grand, aura-t-il le temps de réaliser tous ses rêves avant que le sablier ne se vide ? Le lyrisme repose sur les parties mélodiques du morceau et c'est une bonne chose. Graveyard Shift tire à sa fin avec Eternally Yours. Alors que la plupart des groupes décident d'inclure les singles et grands titres des opus en début de tracklist, MIW a fait le choix de terminer sur un roulement de tambour. Une idée qui aurait pu être ingénieuse si le morceau en lui-même n'avait pas été si cliché. Graveyard Shift reste teinté d'un bon nombre d'influences musicales ainsi qu'artistiques dans un sens plus général et plus particulièrement visuel. Il est certain que MIW ne déroge ainsi pas à sa règle initiale ou du moins en partie. Car, si certains titres restent grandement dans la même lignée que les albums précédents, d'autres se conceptualisent davantage dans une catégorie plus mainstream. Tandis qu'Infamous et Reincarnate ont eu le pouvoir d'attirer des adeptes de dark music pas forcément accros au metalcore (voire l'inverse), Graveyard Shift est et reste un album beaucoup plus orienté metalcore pur et saura principalement ravir les adeptes de screamos et rock alternatif brutal et mélancolique. Pour un public, en revanche, bien plus frisquet vis-à-vis du metalcore, l'album n'est pas à la hauteur d'Infamous et Reincarnate si on exclut le très bon Dead as Fuck 2.