Chronique | Mono Inc. - Darkness

Pierre Sopor 4 septembre 2025

Mono Inc. est une affaire qui roule. Depuis maintenant vingt-cinq ans, la formation originaire de Hambourg enchaînes les albums et son succès croissant outre-Rhin illustre une fois encore l'appétit des Allemands pour les musiques rock et sombres en général. Darkness ne devraît pas provoquer de crise existentielle au sein de la bande emmenée par les vétérans Martin Engler, Carl Fornia et Katha Mia, rejoints ici par un nouveau bassiste en la personne d'Ilja John Lappin. En effet, et pour la troisième fois consécutive, le nouvel album de Mono Inc. est premier des charts en Allemagne. 

Mono Inc. est une valeur sûre et, là encore, la machine ne devraît jamais dérailler alors que cette "compagnie de zinzins" nous plonge dans une nouvelle succession de tubes. On est très vite dans l'ambiance avec In My Darkness, nouvelle illustration du talent qu'a Mono Inc. pour sortir des hymnes à la structure aussi prévisible qu'irrésistible. Immédiatement familière, leur musique n'a rien perdu de son pouvoir fédérateur. Là encore, ça va taper dans les mains en concert ! Des riffs à la dureté proche du metal industriel, une humeur douce-amère entre mélancolie et espoirs, des refrains entraînants... Si ce mélange entre metal gothique, rock sombre et NDH peut parfois sembler un peu solaire avec ses rengaines pop qui restent en tête, voire un brin trop ornemental, contextualisons rapidement : Mono Inc. vient d'un pays qui raffole de ténèbres et où elles ne sont pas toujours synonymes d'étrangetés avant-gardistes torturées ! 

Chez Mono Inc., l'obscurité est un refuge confortable et familier, une énergie qui nous offre sa force (souvenez-vous de Children of the Dark, pensé comme le morceau-étendard d'une communauté bien vivante). On comprend mieux le côté galvanisant des morceaux. Lost in Pain, Dein Anker, les refrains d'Abendrot, la conclusion Ray of Light, aurore où l'électronique et le piano se rencontrent pour un final tourné vers l'espoir... inutile d'essayer de résister, vous les aurez en tête pour la journée ! Même dans We Were Young, la nostalgie s'inscrit dans un mélange d'émotions nuancées prétexte à un nouveau tube potentiel. Cela n'empêche pas quelques pauses où la mélancolie se fait plus pesante comme Fly, poème crépusculaire où l'alchimie entre le chant d'Engler, ici un efficace véhicule d'émotions dans sa gravité monolithique dont on sent tout de même une forme de jeunesse s'échapper, et la lourdeur des guitares fonctionne très bien. Plus tard, ce même Engler se retrouve accompagné d'un seul piano sur Nothing I Regret : Mono Inc. se souvient que le public aime aussi allumer la petite lumière de son téléphone avant de se remettre à taper dans ses mains de plus belle !

La machine Mono Inc. turbine à plein régime, les sorties se succèdent alors que le groupe propose également des albums live et symphoniques à ses fans. Darkness ne viendra en rien enrayer cette dynamique, pour cela il aurait fallu que Mono Inc. bouscule ses habitudes. Au contraire, ce nouvel ensemble a des airs de synthèse de leur univers : des paroles en anglais, des paroles en allemand, une constante preuve d'un savoir-faire qui a déjà fait ses preuves... et bien sûr quelques corbeaux ! Il s'agit d'un album confortable aussi bien pour le groupe, qui offre ce qu'il sait faire, que pour ses fans qui reçoivent ce qu'ils ont envie d'entendre. Leur savoir-faire pour la formule qui fait mouche immédiatement et les histoires sombres et romantiques est indéniable à condition d'être en paix avec un accent mis sur l'ornemental et une facilité d'accès de tous les instants. Si la musique de Mono Inc. ne révolutionnera pas forcément votre vie, elle a ce petit côté doudou réconfortant, ce rôle de liant entre les gens, de point de ralliement bienveillant et fiable, un phare noire que l'on peut suivre les yeux fermés avec la certitude qu'il nous mènera à bon port. 

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Pierre Sopor

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