Chronique | Me And That Man - New Man, New Songs, Same Shit,Vol. 1

Pierre Sopor 31 mars 2020

Adam "Nergal" Darski a retrouvé son chapeau et ses santiags et revient à ME AND THAT MAN, side-project folk / blues dans lequel le charismatique leader de BEHEMOTH joue les descendants de Johnny Cash ou Nick Cave. "Cet homme" qui l'accompagne, sur le premier album, c'était John Porter. Comme l'annonce le titre de New Man, New Songs, Same Shit, Vol.1, l'homme a changé : cette fois-ci, Nergal a invité toute une flopée de copains prestigieux pour jouer avec lui aux cowboys et chanter à sa place.

C'est d'ailleurs ce qui fait à la fois la force et la faiblesse de ce second album. Attiré par les beaux noms annoncés issus du metal extrême (Ihsahn, Niklas Kvarforth de SHINING) mais aussi d'autres genre (Jérôme Reuter de ROME ou Mat McNerney de GRAVE PLEASURES), l'auditeur peut y apprécier l'éclectisme des goûts de Nergal. Avec une seule femme invitée à la fiesta, on comprend en revanche que jouer les gros durs du far-west, ça restera un truc de bonhomme. Dommage. Œuvre chorale, l'album séduit facilement, propose beaucoup, mais peine aussi à ressembler à autre chose qu'une parenthèse récréative pour chaque artiste impliqué.

Alors certes, on y trouve de très belles choses. Burning Churches est irrésistible avec ses refrains auxquels on a envie de se joindre, la guitare et la voix sépulcrale de Jérôme Reuter donnent à Man on the Cross un délicieux parfum sinistre, By the River avec Ihsahn et ses chœurs a une pesanteur toute particulière, Corey Talor apporte à How Come une belle puissance, on est facilement séduit par Męstwo chantée en Polonais par Nergal seul (seul morceau de l'album où il donne de la voix) ou encore Kvarforth, en Nick Cave menaçant, est excellent sur Confession (où transpire à grosses gouttes l'ADN black metal des deux zozos).

Mais on a aussi l'impression d'être convié à une fête pleine d'invités tous plus beaux que les autres qui s'amusent bien. Retrouver des références aux précédentes œuvres de Nergal dans certaines paroles ne fait d'ailleurs qu'accentuer ce sentiment, comme autant de private-jokes complices. C'est certes très ludique, mais il est difficile de s'y sentir plus impliqué que ça. Au-delà de la coolitude de réunir des gens de SLIPKNOT, TRIVIUM, MASTODON et compagnie sur un même album et de la qualité globale du résultat, l'auditeur ne trouvera pas forcément dans ce New Man, New Songs, Same Shit de résonance émotionnelle particulière. On aurait aimé, nous aussi, être "cet homme" invité par Nergal dans son univers. On n'en est au final que le spectateur amusé.

Néanmoins, avec son ensemble de voix, ce deuxième album tient mieux la durée que son prédécesseur, qui était plus intimiste. L'écoute est plaisante, c'est amusant, accrocheur, ça passe bien. Le "Vol. 1" du titre laisse présager une suite qu'on espère au moins aussi attachante. Et qui sait, peut-être plus consistante que cette (très belle) galerie de talents ?