Chronique | Lord Agheros - Koinè

Pierre Sopor 17 février 2022

Cela faisait six ans que l'on n'avait plus de nouvelles de LORD AGHEROS, depuis l'album Nothing at All qui s'éloignait toujours plus loin des racines black metal du projet de Gerassimos Evangelou. Koinè, dès son titre en Grec, nous rappelle plus Demiurgo (2012) et ses références mythologiques, le mot désignant le langage commun de la période Hellénique.

Une chose ne saute pas forcément aux oreilles dès le début et ce chant élégiaque, funèbre, auquel se greffent petit à petit des chœurs puis des guitares : LORD AGHEROS, sans délaisser ses inspirations atmosphériques, revient à un metal plus extrême. Il faut attendre le second titre, The Walls of Nowhere, pour apprécier plus de violence et de lourdeur. LORD AGHEROS soigne ses ambiances et couple son metal noir à des éléments orchestraux et ambients qui instaurent une ambiance mélancolique (Same Blood, ou la très gothique / doom ...Of May avec sa guitare acoustique et son ambiance de veillée funèbre), mais aussi épique et conquérante (Hold the Line, Sow, ou la très cinématographique montée en intensité de Sleep Among the Stars). On pense au black metal mystique et organique de WOLVES IN THE THRONE ROOM mais aussi aux incantations gothiques de ROTTING CHRIST. LORD AGHEROS cite IHSAHN, ULVER ou encore MOONSPELL comme influences et on retrouve bien la volonté de ces artistes de faire éclater les frontières entre les genres, de faire jaillir l'émotion d'un piano comme d'un refrain vindicatif.

Ce qui séduit le plus dans Koinè, c'est ce sens du drame. Cette capacité à conférer une intensité émotionnelle à chaque morceau. LORD AGHEROS y mélange des saveurs antiques, épiques, et un black metal moderne qui n'a pas peur de fricoter avec des synthétiseurs pour planter ses ambiances. C'est puissant, poignant, et assez court pour ne jamais se répéter.