Chronique | King Dude - Full Virgo Moon

Pierre Sopor 18 mars 2020

Les choses vont vite chez KING DUDE : à peine dix-huit mois se sont écoulés depuis la sortie de son précédent album, Music to Make War To. Plus vite encore : ce nouvel effort aurait été achevé en deux semaines courant janvier. Il n'en fallait pas plus à Thomas Jefferson Cowgill pour nous proposer ce Full Virgo Moon et ses neuf morceaux, l'ensemble atteignant la demi-heure de durée.

Ces dernières années, l'americana folk sinistre et tout en séduction du Roi Mec s'était étoffée alors qu'il s'amusait à emprunter au post-punk, au blues et au rock. Full Virgo Moon marque un retour à plus de minimalisme : on y est seul avec Cowgill, sa guitare, son piano et quelques effets pour l'atmosphère. Ce retour à des titres plus simples, moins chargés, sera probablement accueilli avec plaisir par les fans des premiers jours.

Full Virgo Moon n'est cependant pas une révolution radicale. Cowgill y chante sur ses amours, le diable et la mort de sa voix douce et l'ambiance y est bien sûr funèbre. On se laisse pourtant séduire facilement dès les refrains de My Rose by the Sea (Satyr Boy) avant de succomber à la superbe chanson titre, hypnotique et mélancolique. Le temps passe vite en bonne compagnie et Full Virgo Moon varie les plaisirs : KING DUDE peut se la jouer Johnny Cash le temps de Forty Fives Say Six Six Six (on s'attendrait presque à l'entendre invoquer des ghost riders in the sky...), laisser filtrer un peu de lumière sur The Satanic Temple ou la très ironique Make me Blind au texte morbide et au ton enjoué.

La recette est connue, KING DUDE nous ressert la popotte habituelle, cet élégant cocktail de noirceur minimaliste servi à la sauce acoustique, et ça fonctionne. La voix du bonhomme a un charme indéniable, on l'écoute avec plaisir alors qu'il nous promène dans son univers torturé, assez subtil et gracieux pour nous toucher. Full Virgo Moon est un album vite composé, vite écouté, et auquel on s'attache très vite. Son format très court invite l'auditeur à se le repasser, se laissant piéger par son contenu. L'avenir dira si on s'en lassera tout aussi rapidement, mais d'ici là KING DUDE aura probablement sorti un nouvel album.