Chronique | Horskh - Gate

Pierre Sopor 9 avril 2017

Il n'aura suffit que d'un EP pour que HORSKH se fasse remarquer. Avec Dawn (et sa version augmentée de remixes), le duo de Besançon nous balançait en pleine tronche son EBM gonflé à bloc, agressif et au son massif. Il était temps qu'un premier album voit le jour histoire de juger ce que cette déflagration pouvait donner sur la durée. Gate contient douze titres inédits et nous permet donc de confirmer ce que l'on avait bien compris : HORSKH, ça cogne.

Gate commence fort. Victim est un passage à tabac dans les règles de l'art, avec ses beats assassins et son break plus calme au chant sinistre à la MARILYN MANSON. Un morceau, et c'est dans la poche : on est conquis. Engaged And Confused continue dans un registre un poil moins violent. Catchy à mort, le titre évoque GESAFFELSTEIN ou CARPENTER BRUT pour les sonorités un peu retro, mais qui se seraient dopés à grands coups de COMBICHRIST pour la lourdeur du son, martial. Attention cependant : un peu à la manière de HOLOGRAM_, autre protégé de la famille Audiotrauma, HORSKH n'hésite pas à sonner dubstep (Against, Victim, Trigger), ancrant leur démarche dans une modernisation du son plus qu'un hommage passéiste. Plus sombre, Intruder se rapproche d'un son plus metal : on imagine finalement de la guitare se greffer au morceau alors que la partie vocale s'humanise et s'éloigne des slogans crachés avec rage du titre précédent. Gate transpire la testostérone et l'énergie, enchaînant les gros morceaux fédérateurs qui ne font pas franchement dans la dentelle (Strayed Away que l'on peut écouter depuis quelques temps ou Morbid Positiv sont des tueries dégoulinantes de rage), y injectant des aspirations plus bruitistes ici ou là (Stay Ready), voire créant de véritables chaos industriels (Virus - The Truth No Longer Matters, Through The...). Et pourtant, parmi ces beats qui cognent, ces hurlements et toutes ces sonorités électroniques, un cœur bat. Il y a dans HORSKH une âme profondément humaine qui vibre au sein de cette machine et qui se devine au détour d'une ambiance, ou dans ses refrains si plein d'une colère viscérale communicative. C'est peut-être cette composante humaine, organique, qui rend HORSKH si efficace et leur permet de faire mouche à chaque titre.

La pochette de Gate, avec ses couleurs vives qui percutent la rétine, apparaît particulièrement pertinente : le premier album de HORSKH nous éclate à la gueule et disperse nos neurones en petits morceaux un peu partout. C'est noir, explosif, accrocheur, la prod est nickel et ça prend aux tripes. En bref, Gate est un album qui s'impose avec la finesse d'un bulldozer comme un incontournable pour les amateurs de gros EBM / indus qui tâche.