Chronique | Hocico - Los días caminando en el fuego (20 Years Keeping the Blood Boiling)

Sterben 30 août 2013

Out of Line a toujours eu à cœur de faire fructifier la mine d'or que représente la discographie des deux Mexicains. Editions limitées, anthologies, best of remasterisé, enregistrements lives à foison... tout est bon pour faire de l'actu entre deux albums.

Alors forcément, quand est venu le moment de fêter les 20 ans du groupe, le label a vu grand. La version collector de Los Dias Caminando En El Fuego, limitée à 999 exemplaires, se présente comme une pyramide aztèque frappée du logo à l'araignée ; le tout accompagné de nombreux goodies à l'intention des fans hardcore (amulette mexicaine faite main, livret photos, réimpression du premier t-shirt du groupe...) 

Niveau musique, on a droit à 3 CD remplis de morceaux, non pas récents mais inédits. Selon le label, l'idée est venue d'un heureux hasard. En retapant l’antique workstation Yamaha des débuts du groupe, Racso aurait retrouvé les fichiers de vieux morceaux laissés en plan. Réécoutant ces travaux inachevés, les cousins se seraient alors mis en tête de les finir afin qu'ils figurent sur cette sortie anniversaire. 

La tracklist est complétée d'un morceau composé pour l'occasion (l'excellent Thy Kingdom Come), et de raretés donnant un éclairage intéressant sur le processus créatif du groupe. Au fil des titres on reconnait ainsi certains samples, certaines idées, qui finalement furent recyclées dans un autre contexte. Idem pour cette première prise un peu bancale de Not Like You embarrassée d'oripeaux inutiles; ou House of Spirits, qui devint en fait le plus abouti La Gloria del Odio

D'autres choses étaient restées dans les tiroirs probablement car trop différentes du son habituel du projet. Silencio en la Tierra de los Sueños offre ainsi une jolie mélodie assez atypique de la part d'HOCICO, et Trust est carrément une reprise de THE CURE ! A côté de ça, plusieurs autres titres (I'm insane, Go fuck yourself, Concreto...) sont caractéristiques des premières démos K7 sales et enragées des deux cousins. 

Enfin, une poignée de morceaux auraient tout à fait pu avoir les honneurs d'un album ou EP. On retiendra surtout Fade into Oblivion (thème fort, cordes épiques); le diabolique Song of Hate et ses lyrics hilarants de violence gratuite (même l'auditeur en prend pour son grade !); et Saviors, qui propose une sorte de darkwave testosteronée rappelant le EP El Dia de la Ira.

Le 3ème disque est assez fascinant puisqu'il comporte des morceaux datant de l'époque où HOCICO ne s'appelait même pas encore ainsi, mais NINERA DEGENERADA, puis HOCICO DE PERRO. On parle là de choses composées entre 1989 et 1991. Evidemment le son est infâme et voilé par endroits, les compos encore maladroites, et les vocaux de gnome malfaisant plus drôles qu'effrayants ! La famille est même mise à contribution, puisqu’on trouve dans les crédits un certain Donovan Agroyam. Ou encore Dylan Agroyam, qui chante sur Transtorno Psíquico, un titre de 1989 tellement bizarre qu'on est plus proche des expérimentations de la première vague industrielle à la THROBBING GRISTLE ou ESPLENDOR GEOMETRICO

A noter que ce dernier CD contient aussi des vidéos qualité VHS de concerts du groupe au Mexique dans les années 90. On mesure alors le chemin parcouru, des "MJC" de Mexico City aux plus grands festivals gothiques européens... 

En cela, Los Dias Caminando En El Fuego a des allures de témoignage d'une belle success story familiale. Tous ceux qui suivent le groupe depuis longtemps savent qu'HOCICO s'est fait sa place à la dure, sur le long terme, et en partant de pas grand-chose. Les deux cousins sont assurément des bosseurs : Racso par une productivité qui force le respect (ses archives semblent inépuisables); Erk en mouillant le maillot plus que la moyenne durant les concerts que le tandem donne -partout et sans relâche- depuis plus de deux décennies.