Chronique | Gaahls Wyrd - The Humming Mountain

Pierre Sopor 2 novembre 2021

Il y a deux ans, GAAHLS WYRD sortait un premier album studio, GastiR - Ghosts Invited, qui nous permettait de découvrir l'étendue de l'univers musical de l'ex-GORGOROTH Gaahl, sombre, riche et ésotérique. Un travail de synthèse entre metal extrême, inspirations gothiques, folk et ambiant particulièrement réussi auquel fait suite The Humming Mountain, sorte de gros EP, ou de mini album d'une demi heure.

GAAHLS WYRD prend son temps pour mieux ménager ses effets : The Seed, le premier morceau, approche les dix minutes et nous plonge dans une atmosphère hantée, brumeuse et primitive des plus délectable. Quelques notes jouées en boucle, une guitare acoustique, la voix chaude de Gaahl répétant telle une invocation quelques vers, pas de cris, pas de distorsion, mais des chœurs spectraux, de sombres murmures et une immersion incroyable : ce chef d’œuvre d'ambiance hantée méditative et mystique est une passerelle idéale pour quitter la réalité et se perdre corps et âme dans ce qui suit.

The Humming Mountain ne propose pas de révolution stylistique par rapport à son prédécesseur mais en est le prolongement logique, alors que les frontières entre les genres sont toujours brouillées. Si le morceau-titre introduit une lourdeur supplémentaire, prenant toujours le temps de faire monter l'intensité petit à petit, le travail sur les ambiances reste saisissant. Quand finalement, au bout de son crescendo, les racines extrêmes de Gaahl prennent le dessus avec The Dwell et Awakening Remain's - Before Leaving, des chœurs possédés et un brouillard opaque maintiennent cette impression d'assister à un rituel ancestral, dans une grotte oubliée ou une forêt isolée, par une nuit sans lune.

C'est finalement cette ambiance opaque et cette lente montée en tension, qui nous séduisaient dès les premières secondes et qui nous accompagnent vers le retour au réel avec The Sleep, qui continuent de nous hanter bien après l'écoute. GAAHLS WYRD propose une parenthèse de noirceur hors du temps, la bande-son parfaite pour une nuit glacée de fin d'automne dans les bois ou tout simplement psalmodier en capuche à la lueur d'une bougie dans sa cave.