Chronique | Front Line Assembly - Mechanical Soul

Pierre Sopor 12 janvier 2021

Trente-cinq ans de carrière, et FRONT LINE ASSEMBLY est en pleine forme, toujours dans l'air du temps, remplaçant ces dix dernières années les guitares des 90's par des éléments dubstep ou synthwave sans ne jamais se trahir. Mechanical Soul est le troisième album des Canadiens en trois ans et rien ne devrait enrayer la machine.

Ce n'est pas un premier coup d'oeil à Mechanical Soul qui nous fera craindre un changement radical du coté de FLA : l'artwork est toujours signé par le génial illustrateur / plasticien / réalisateur Dave McKean (ses couvertures pour les Sandman de Neil Gaiman sont à tomber). La première oreille qu'on y jette ne se sentira pas perdue non plus : Purge ne vient chambouler aucune habitude et allie une rythmique accrocheuse à des nappes atmosphériques. Cet équilibre subtil, on le connaît bien et il est d'ailleurs à l'image du chant de Leeb, maître de cérémonie cyborg et fantomatique (à l'image de l'âme mécanique du titre ?). Même quand le rythme s'accélère (Unknown), on sent une certaine retenue chez FRONT LINE ASSEMBLY : Mechanical Soul n'explose jamais vraiment mais enchaîne les tubes mélancoliques, dont l'humeur correspond d'ailleurs parfaite aux ruines de cette pochette crépusculaire.

On peut parfois regretter qu'une certaine routine s'installe (Glass and Leather, dispensable), l'album étant pourtant court. Ajoutons à cela un l'attendu featuring avec Jean-Luc de Meyer (FRONT242), relecture plus lente et sombre de Future Fail, leur collaboration de 2006 sur l'excellent Artificial Soldier, ainsi qu'un remix de Hatevol et on a finalement vite fait le tour de Mechanical Soul. Heureusement que les différentes nappes et sonorités garantissent une vraie richesse : comme souvent, FRONT LINE ASSEMBLY nous séduit avec ses rythmiques accrocheuses simples à aimer, voire minimalistes, et dévoile ses subtilités au fur et à mesure d'écoutes de plus en plus satisfaisantes. Pour les surprises, on peut se rabattre sur les lourdes guitares de Dino Cazares sur Stifle (les copains de FEAR FACTORY n'étaient finalement pas bien loin) ou les ambiances particulièrement désabusées de New World et Time Lapse, aussi planantes que déprimantes.

C'est d'ailleurs cette atmosphère post-apocalyptique que l'on retient de Mechanical Soul, un album bien moins fun que Wake Up the Coma, où la désillusion et la résignation ont pris le dessus sur les beats agressifs et l'envie de danser. Les morceaux demandent un petit temps d'adaptation pour passer outre leur apparente simplicité et en apprécier pleinement l'amère saveur, mais FRONT LINE ASSEMBLY n'a rien perdu de sa maîtrise des textures sonores qui nous hypnotisent.