Chronique | Sang Froid - SANG FROID

Pierre Sopor 13 janvier 2021

SANG FROID vient de Nantes et sort un premier EP de trois titres. Trois, c'est aussi le nombre de musiciens que l'on retrouve dans le groupe  : TC et JJS, chanteur et guitariste de REGARDE LES HOMMES TOMBER et Ben Notox, claviériste chez THE VEIL, se lancent ensemble dans cette nouvelle aventure cold wave, loin de leurs terrains de jeu habituels.

Les influences sont criantes dès Psalms of the Great Void, avec sa rythmique accrocheuse, son chant grave de crooner et son ambiance brumeuse : merci aux SISTERS ou ROSETTA STONE pour l'ombre et les mélodies simples qui font mouche. SANG FROID se la joue cold à mort, évidemment, et la musique sent bon le bitume gris un après-midi de novembre, n'import où du moment qu'il y a un port industriel non loin et quelques docks paumés dans un brouillard glacé. On est séduit par l'immédiateté des morceaux, leur facilité d'accès, leur tension qui nous saute à la gorge. Pourtant, le travail sur les atmosphères est à souligner et apporte à SANG FROID sa richesse (la guitare de Heavy Sleep Heavy Heart tisse quand même un truc sacrément opaque et mystérieux). L'énergie de l'urgence laisse place à une mélancolie plus prononcée sur Oversee and Kill, dont on apprécie tout particulièrement la deuxième partie imprévisible, au synthé futuriste et psychédélique, amenant au genre une bonne bouffée d'air frais.

Si la popote a déjà servi et la recette fait ses preuves, SANG FROID sait aussi s'affranchir de ses illustres modèles et bâtir un univers propre, où l'on est surpris par des envolées spatiales et autres contemplations quasi mystiques que l'on n'attendait pas de prime abord. On apprécie la relecture moderne du trio, qui s'approprie les codes d'un genre pour le faire éclater et partir dans des directions à la fois personnelles et perchées. Voilà qui est bien prometteur.