Chronique | Diary Of Dreams - Dead End Dreams (Chapter 1)

Pierre Sopor 31 octobre 2025

On a l'habitude qu'Adrian Hates joue avec nos sentiments, mais l'annonce du nouvel album de Diary of Dreams fut un sacré ascenseur émotionnel : tout d'abord la joie de pouvoir à nouveau nous morfondre dans la profonde tristesse de son œuvre puis la panique à la lecture de son titre, Dead End Dreams, premier chapitre d'une série intitulée The End of Dreams. La fin des rêves ? Pas de panique, Diary of Dreams n'annonce pas sa retraite ! La seule panique est en fait à trouver du coté du morceau PaniK? de 2002, et les paroles "Dead end dreams, Sore throat from all these lies". Ouf, on peut souffler. Cela dit, Dead End Dreams est en fait "seulement" un mini-album. Quand sortiront les suites ? Combien y en aura-t-il ? Nous verrons. En attendant, on éteint la lumière, on s'isole, et on se plonge dans cette nouvelle histoire "sombre et apocalyptique" et où il est question "d'un monde au bord du gouffre collectif". Des rêves, peut-être, mais sacrément ancrés dans la réalité...

On n'avait pas encore eu le temps de se lasser des hymnes de Melancholin mais c'est avec plaisir que l'on retrouve la voix grave de Hates, toujours aussi dénuée de bonheur. Kein Allein et son ton martial dessinent un ciel noir, inquiétant. Diary of Dreams prend son temps, fait monter la pression, une guitare lourde de menaces rode en fond, réserve quelques parenthèses contemplatives comme pour nous laisser prendre la mesure du vide puis laisse échapper un refrain libérateur. C'est avec The Chemistry of Pain que l'orage éclate. Hates grogne, le cauchemar industriel se concrétise, c'est à la fois sinistre, théâtral, désespéré... et, bien sûr, de toute beauté.

Ce format réduit est en fait une bonne idée car il permet d'offrir à l'auditeur un voyage évitant les répétitions, un aperçu de l'étendu des esthétiques de Diary of Dreams, de la darkwave au metal industriel, mais aussi des émotions (toutes négatives, on vous rassure). Ainsi, les morceaux plus calmes comme Tomorrow's Past et ses discrets fantômes post-punk ou le crépusculaire Iamnowhere et ses cuivres hantés se fondent avec aisance dans l'ensemble. La formule Diary of Dreams n'y est pas réinventée mais cela n'est pas nécessaire tant le propos est maîtrisé, entre poésie, mélancolie, efficacité irrésistible, ce chant irréprochable chargé d'émotions et toujours ce sens de la mélodie simple qui fait naître tout un tas images.

Avec seulement six titres, la tentation de repartir pour un tour supplémentaire est grande. On se surprend alors à écouter en boucle ce Dead End Dreams, captivé par sa portée parfois cinématographique (hurt people hurt people), sa richesse, sa variété et sa puissance malgré sa courte durée et le format somme toute classique des morceaux qui le composent. C'est du Diary of Dreams synthétisé, qui va à l'essentiel, condensé dans ce que le projet a de plus beau et accrocheur, de nouvelles rêveries pleine de peines et d'angoisse dans lesquelles on se plonge avec plaisir mais dont on ressortira plus difficilement... peut-être que d'ici là, on pourra enchaîner avec le second chapitre !

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Pierre Sopor

Rédacteur / Photographe