Chronique | Alice In Chains - Black Gives Way To Blue

Pierre Sopor 29 septembre 2009

Quand un groupe refait surface après une longue période, on peut toujours craindre le pire. Rare sont les formations cultes ayant eu un gros succès au cours des années 90 à avoir passé le cap de la décennie suivante sans encombres. Un retour d'Alice in Chains, 10 ans après leurs dernières œuvres studio (les titres 'Get Born Again' et 'Died' en 99) ne pouvait que susciter la curiosité voire le scepticisme. Le décès du chanteur Layne Staley en 2002 étant bien sûr dans tous les esprits. Et pourtant le groupe n'est pas mort. Dès 2005/2006, Alice in Chains donnait des concerts dans le cadre de festivals. William Duvall, un proche du groupe, a pris la place de Staley. Il ne l'a pas "remplacé", c'est impossible. Paradoxalement, Alice In Chains s'est remis à donner des concerts, plus régulièrement que lors de la deuxième partie des années 90. C'est dans ce contexte délicat de première production studio depuis la disparition de Layne Staley que sort 'Black Gives Way To Blue'. Dès les premières notes de 'All Secrets Known', il est impossible de ne pas ressentir une énorme montée d'adrénaline. Alice In Chains est de retour, sans aucun doute possible, mené principalement par Jerry Cantrell depuis le début. Le son est reconnaissable entre mille, entre des restes de grunge, croisés avec un metal pouvant évoquer aussi bien Tool pour le coté mystique que Black Sabbath pour ses rythmiques bien lourdes. La deuxième chose qui frappe est que le groupe a évolué, le son, bien que fidèle, s'inscrit parfaitement dans son époque. On n'oublie pas Layne Staley, mais on avance. Ce qui donne une ambiance générale moins hantée, moins torturée, mais incroyablement possédée et intense. Le rock d'Alice in Chains reste typique, aussi envoutant que poisseux, comme sur 'Acid Bubble', titre très lent, où le refrain particulièrement énervé vient créer le contraste. Après un début particulièrement prenant, l'album reste à un très bon niveau. Variant les titres catchy comme 'Check My Brain' et plus posés, limite acoustiques, comme la presque transcendantale 'When The Sun Rose Again', Alice in Chains s'est reconstruit sans jamais se trahir à aucun moment. Tout le long de ses onze titres, 'Black Gives Way To Blue' reste obsédant et prend directement aux tripes. Le duo Cantrell/Duvall au chant s'impose comme une évidence. On pense à Staley tout le long, et de toute évidence l'album lui est dédié (le titre 'Black Gives Way To Blue' qui clôt le disque), mais on pense aussi au présent, au futur. Ces gars ont plus que réussi leur retour avec un album faisant forcément appel à la nostalgie, sans s'y complaire. Magnifique et monumental, 'Black Gives A Way To Blue' marque le retour triomphant d'une des formations rock les plus marquantes des 20 dernières années. Pour reprendre les mots de James Hetfield : "ca fait de bien de revoir ces types là".