Motörhead - 2010-12-23

Motörhead - 2010-12-23

Mandah 23 décembre 2010

Le 29 Novembre 2010, Mikkey Dee, le batteur de Motörhead, était de passage à Paris dans le cadre d?une journée promotionnelle consacrée à la sortie du nouvel album du groupe « The Wörld is Yours ». Voici les propos recueillis lors de la conférence de presse dans les locaux d'EMI.

Mikkey, qu?en est-il du nouvel album de Motörhead, « The Wörld Is Yours » ?
Mikkey : Je vais commencer par dire qu'on ne voulait pas faire ce nouvel album à la base. On nous a demandé de travailler dessus à la fin de l'année dernière mais nous n?étions pas encore prêts. Puis petit à petit, on a commencé à y réfléchir, on s'est rendu à des meetings avec notre manager qui nous a alors conseillé d'aller en Californie pour tenter quelque chose. On a donc été à L.A et l?inspiration est venue, ça fusait dans tous les sens ! On s'est mit d'accord sur le fait de prolonger notre séjour d'une semaine supplémentaire pour bosser, voilà comment ça s'est fait. En réalité, « The Wörld Is Yours » a été l'album le plus facile à écrire depuis que j'ai rejoint le groupe. Je ne sais pas s'il s'agit de notre meilleur disque, il est trop tôt pour le dire. Tout ce que je sais, c'est qu'il est très bon et qu'il va de pair avec les trois derniers (« Inferno », « Kiss Of Death » et « Motörizer »). Ceci dit, « The Wörld Is Yours » est plus Rock N Roll et signe un retour aux sources.

L'album n'est pas encore sorti, mais as-tu suivi les retours des médias ?
Mikkey : Non. Quand on fait un disque, on le fait pour nous-mêmes. On ne prend pas en ligne de compte ce que la presse, les fans, les radios et notre maison de disques disent. Chacun d'entre nous a des opinions bien différentes des choses, on ne peut pas plaire à tout le monde, c'est impossible. Évidemment, c'est génial si les fans l'aiment, je ne dénie pas ce point-là. Mais ce n'est pas une motivation, notre motivation principale est de nous faire plaisir d'abord, c'est certain ! Si on écoutait ce que les autres ont à dire, si nous faisions ce qu'ils veulent entendre, on serait dans de beaux draps. On fait ce qu'on veut faire et cela semble être la meilleure méthode de travail.

Comment décrirais-tu ton travail avec Cameron Webb ?
Mikkey : Cameron a commencé à travailler avec nous sur l?album « Inferno ». Quand je l'ai rencontré pour la première fois, c'était encore un gamin mais il avait de très bonnes idées alors on lui a laissé une chance. Je me rappelle lui avoir dit : « Cameron, il n'y a qu'une règle à respecter avec Motörhead : ne sois jamais intimidé par nous ! De toute évidence, Lemmy t'engueulera et t?insultera de tous les noms, je te lancerai mes baguettes et Phil te poursuivra avec sa guitare (rires). Mais malgré tout ça, sois franc avec nous et reste sur tes positions. Si tu penses que je fais de la merde, dis-le moi ». Et c?est ce qu?il a fait ! Il m'a dit une fois « eh bien Mik, dire que je pensais que tu étais un bon batteur...» duquel j'ai répondu « eh bien Cam, va te faire foute ! » (rires). Plus sérieusement, c'est un bosseur acharné, il est honnête et fiable. J'ai confiance en ses goûts et il a les tripes de dire ce qu'il pense à Lemmy (rires).

Le thème de la mort et son imagerie ont été très présents tout au long des derniers albums de Motörhead. Cela annoncerait-il la fin du groupe ?
Mikkey : Non. Motörhead continuera d?exister tant que les trois points suivants seront réunis : 1. que nous soyons en bonne santé, 2. que nous prenions toujours autant de plaisir à jouer ensemble, 3. que le public vienne à nos concerts. Ces trois points sont les clés de notre survie. Si je me réveille un matin en n?ayant plus la motivation ni le plaisir, il sera temps d?arrêter. C?est ce qui est arrivé à Würzel en 1995 (Mick « Würzel » Burston a été le guitariste de Motörhead de 1984 à 1995). En ce qui me concerne maintenant, j'aime toujours ce que je fais.

Que penses-tu du film sur Lemmy ?
Mikkey : En lui-même, c'est un bon film. Lemmy est génial dedans, il est sarcastique et foutrement drôle ! Exactement tel que je le connais. Je n'ai pas arrêté de rire tout au long du film. Par contre, je pense qu'il y aurait dû y avoir plus de captures live.

Quelles sont tes principales influences en tant que batteur ?
Mikkey : Ma toute première influence a été Ian Paice (Deep Purple). J'avais 17 ans lorsque j'ai vu Deep Purple pour la première fois et cela a eu un certain effet sur moi. Je mentionnerais également Brian Downey (Thin Lizzy), Steve Smith (Journey), Neil Peart (Rush), Scott Rockenfield (Queensryche) et Cozy Powell. Ces mecs sont vraiment talentueux. J'aime essentiellement les batteurs des années 1970 et 1980 à cause de leur dynamique. Quand j'écoute Ian Paice, j'entends beaucoup de Buddy Rich. J'aime quand les batteurs de jazz & blues jouent du hard rock. Aujourd?hui, il y a tellement de jeunes et très bons batteurs... Mon Dieu ! Je ne peux même pas en citer.

Avec le recul, comment penses-tu avoir changé la musique de Motörhead ?
Hum... Je pense l'avoir beaucoup changée mais je ne sais pas comment exactement. Lorsque je suis arrivé dans le groupe, j'avais deux options : soit devenir un second Philthy « Animal » Taylor, soit être moi-même, Mikkey Dee. J?ai choisi la seconde option. Je suis une personne différente avec un jeu de batterie différent alors oui, je pense que la musique du groupe a changé depuis que je l'ai rejoint. Nous évoluons continuellement, doucement mais sûrement. Quand tu écoutes certains groupes, d'un album à l'autre, tu ne reconnais même pas leur son. Motörhead ne fait pas ça ! On a toujours essayé d'aller de l'avant par petits pas. Il m'est impossible de te dire comment j'ai changé le groupe, tout ce que je sais, c'est que j'étais enfin prêt à les rejoindre et être un membre à part entière. Pour être tout-à-fait honnête, je pense que le groupe s'est bonifié avec le temps. Et, ce que j'apprécie particulièrement dans le changement, c'est le fait d' avoir réuni une nouvelle génération de fans. A nos concerts, différentes générations se côtoient et s'amusent ensemble, c'est une chose dont je suis très fier. Je suis heureux que nos fans de la première heure nous supportent toujours mais nous avons besoin que d'autres générations écoutent notre musique. Pour en revenir à ta question, je pense que j'ai changé le groupe : nouveau line-up, personnes différentes, différente période signifient forcément différente musique. Mais je ne sais pas comment, nous n'avons jamais pensé à la manière de changer notre musique, cela s'est fait naturellement. Beaucoup de groupes, surtout les plus vieux quand ils se reforment et décident de faire leur come-back, s'assoient autour d'une table et parlent de cette seule et unique chanson qu'ils ont réussie. Puis, le nouvel album sort après 10 ou 15 ans et on dirait une putain de copie, ça sonne de la même putain de manière que cette chanson avec d'autres paroles (rires).