Hellfest 2018 - Jour 2 @ Clisson (23 juin 2018)

Hellfest 2018 - Jour 2 @ Clisson (23 juin 2018)

Manon Nadolny 29 juin 2018 Laurence Prudhomme Manon Nadolny

JOUR 2

Réveil matinal ce samedi malgré quelques courbatures et rougeurs, stationnement sans difficulté, soleil et petite brise vivifiante… la journée s'annonce bien. Au point presse l'ambiance est calme, le décor épuré et rafraîchissant avec ses fontaines est vraiment apprécié de tous. De drôles de créatures prennent la pose pour la presse et les curieux, des silhouettes noires facilement identifiables, pour nous qui les connaissons bien : il s'agit du groupe de metal indus/electro SHAÂRGHOT venu de Paris tourner un trailer avec notre équipe, de leur prochain album The Advent of Shadows (voir). Visiblement ils font leur petit effet sur le public, interpellé par leur look. 

 

Bonne nouvelle aujourd'hui, seul AVENGED SEVENFOLD ne sera pas shootable aujourd'hui. Pour le reste il faudra s'organiser au mieux car l'affiche est fournie. Les festivaliers sont déjà nombreux lorsque nous pénétrons sur le site ; la nuit a effacé les excès de la veille, tout brille sous le soleil. Premier groupe dans l'objectif ce matin : BLACK BOMB A sur la Mainstage 2. La traversée se fait sans encombres, et nous avons le temps de regarder la fin du set de BREED MACHINE sur la scène voisine. Les BLACK BOMB A, dont le nouvel album Wake Up sort en octobre prochain, ont dû forcer sur la caféine au petit déjeuner pour avoir autant de punch de bon matin ! On est certes habitué à des sets énervés de la part du groupe de hardcore, mais là il faut avouer que ça décoiffe.

De slams et pogos dont il est aussi question sur la Warzone avec les Canadiens de GET THE SHOT. Quelle claque ce groupe ! Un trash hardcore terriblement efficace, hargneux et vindicatif qui donne envie de bouger dans tous les sens. Il n'est pas midi que déjà la fosse est chauffée à blanc.

La journée démarre fort pour les connaisseurs. La chaleur est écrasante lorsque, de nouveau devant les Mainstages, nous attendons le jeune groupe allemand, ESKIMO CALLBOY. Leurs deux passages sur Lyon en 2016 et 2017 ayant été annulés au dernier moment, on croise les doigts pour qu'un grain de sable ne grippe pas une fois encore la machine. Mais non, tout va bien aujourd'hui, et les Allemands sont visiblement aussi impatients que le public. Impossible à ranger dans une case en particulier, leur musique n'a qu'un seul but, faire bouger ! Et ils y réussissent parfaitement, à voir le nombre de slams et de circle pits devant la scène. Un véritable défilé qui met les nerfs des membres de la sécurité à l'épreuve de bon matin. Un vrai coup de coeur pour ce groupe qui se produisait dans leur premier gros festival à l'étranger et qui n'oubliera pas de sitôt l'accueil du HELLFEST.

Malheureusement, l'ambiance va vite retomber avec la prestation des L7 venues de Los Angeles. Après une longue absence de 13 ans, les égéries féminines du grunge sont remontées sur scène en 2015. Le discours est toujours aussi revendicatif, mais bizarrement la sauce ne prend pas vraiment avec le public de cette année, dans l'attente du prochain groupe, d'un genre complètement différent.
RISE OF THE NORTHSTAR, avec son dress code très personnel, son mélange de rap, hardcore et punk, et dont les références à la culture nippone sont omniprésentes, est un groupe à part dans le paysage musical français. A noter la présence d'un nouveau batteur, venu de chez THE BUTCHER'S RODEO. Le chanteur, comme à son habitude, ne cache pas son agacement en voyant autant de photographes dans le pit, mais on commence à avoir l'habitude. Les slammeurs se déchaînent sur Sound of Wolves ou encore sur le titre culte Again and Again. Le set paraît bien trop court, tant on est pris dans le déferlement d'énergie des Français.

 

Petite pause déjeuner pour affronter l'après midi dans de bonnes conditions. Si on avait le temps, on imiterait bien les nombreux festivaliers qui se rafraîchissent sous les murs d'eau installés cette année dont les jets sont animés de symboles et de messages. Le HELLFEST est le seul festival où l'on peut croiser Obelix, Mario, la Fée Clochette, une licorne, un viking, des Minions… tout cela dans la bonne humeur, entre les chaises pliantes installées en nombre sous les arbres et les matelas pneumatiques posés en plein soleil où les peaux rougissent allègrement.
Un petit tour sous The Valley pour opérer un virage musical à 180 degrés. HO9909 (prononcez Horror), est venu des USA avec ses rythmes hip-hop/hardcore, condensé explosif de bruit et de rage. La provocation règne en maître sur la scène, le chanteur se jette même dès le premier titre dans le public. Le son est un poil trop fort (voir beaucoup trop fort vu que nos corps tremblent), difficile de vraiment apprécier le set dans de telles conditions.

On opère un repli stratégique sur les Mainstages pour profiter des derniers titres de POWERFLO. Le groupe a été formé récemment, mais ses membres sont de vieux briscards de la scène américaine, notamment le chanteur, rappeur et meneur du groupe de hip-hop CYPRESS HILL. Avec des musiciens d'horizons différents est né ce combo qui associe désormais metal et hip-hop pour une prestation bien sympathique, accueillie avec enthousiasme par le public. C'est avec beaucoup de curiosité que les yeux et les oreilles se tournent ensuite vers JONATHAN DAVIS, dont le projet solo est plutôt éloigné de son groupe d'origine. Semblant habité par sa musique, le leader de KORN a opté pour un metal plus mélodique. La voix, puissante mais maîtrisée, fait vibrer le public dès le premier titre Underneath My Skin. Il ne faut pas chercher la comparaison avec KORN, mais plutôt se laisser entraîner dans ce nouvel univers proposé par le chanteur enrichi des célèbres compositions écrites à l'origine pour la bande originale du film Queen Of the Damned. C'est la première fois que les fans français ont l'occasion de les entendre depuis la petite tournée réalisée avec la team SFA en 2008, dont le passage unique au Bataclan (Paris) fût mémorable.

Pendant ce temps le groupe danois HEILUNG donne sa cérémonie mystique au Temple. Visiblement le groupe est très attendu rejoint par des milliers de fans agglutinés sous et devant la tente, presque deux fois plus nombreux que sa capacité.  L'imagerie chamanique est somptueusement obscure, les incantations collent des frissons, un peu de spiritualité et d'apaisement, que diable, ne nous fait pas de mal et le publique en redemande. 

On change encore une fois de style avec le retour d'un groupe français, absent des scènes pendant 10 ans et qui revient avec le même dynamisme et la même redoutable efficacité. Slammeurs de tous poils, à vos marques, PLEYMO va secouer le HELLFEST ! Les équipes de sécurité sont sur les dents car dès le premier titre, United Nowhere, la vague des crowsurfers déferle sur les premiers rangs. D'ailleurs quelques blessures sont à déplorer, aussi bien chez les slammeurs que du côté des spectateurs qui subissent leurs assauts répétés : nez cassé, épaule luxée, divers bobos sur le crâne… Rien de bien grave ! Mark Maggiori sait toujours aussi bien motiver le public, même s'il est visiblement très ému au début du set, remerciant le festival d'accueillir le groupe après cette longue absence. Un circle pit géant se met en place sur Muck, puis Tank Club devient le prétexte à un headbang général impressionnant. C'est ce qui s'appelle « foutre le bordel » ! Après une séance de jump particulièrement éprouvante, le chanteur va céder à son envie de descendre dans le public en folie pour slammer à son tour, avant de repartir en remerciant chaleureusement.

Pas le temps de souffler avant d'enchaîner sur le groupe suivant, histoire de s'assurer qu'il n'y a pas que le rugby au Pays de Galles. Les garçons de BULLET FOR MY VALENTINE ont choisi de faire découvrir au public français quelques titres de leur dernier album Gravity qui sort à la fin du mois. Le groupe mène une carrière exemplaire que ce nouvel opus vient couronner. Dommage, nous ne verrons que le début du set, car il faut jouer des coudes pour rejoindre la seconde Mainstage, l'avancée mise en place ne permettant pas aux photographes de passer de l'une à l'autre comme la veille.

La zone s'est un peu éclaircie, le public a dû se répartir sur les autres scènes. Il faut dire qu'il y a du beau monde au Temple avec ARKONA et leur Folk metal, un style peu représenté au HELLFEST mais qui a pourtant ses fidèles, tandis que sur la Warzone les amateurs de hardcore se défoulent sur TERROR. Pour nous ce sera un groupe américain dont le leader, également acteur, est bien connu en France: ICE-T, le rappeur, et son combo BODY COUNT. L'Amérique des gangs a débarqué au HELLFEST ! Avec leur look de bad boys, les musiciens font le show sur la Mainstage, impressionnés tout de même par la foule qui se presse en nombre. Politiquement revendicatif, leur métal rappé et violent est très incisif et le public apprécie. Ca bouge dans tous les sens, la fosse est à bloc durant tout le set. Moment mignon lorsque le chanteur fait venir sa petite dernière, Chanel, âgée de trois ans et vêtue d'un maillot de l'équipe de France, pour chanter avec lui sur scène. Les titres s'enchaînent: Body Count, Drive By, Voodoo. Il est déjà 21H, mais l'ambiance ne faiblit pas.

Place maintenant à la tête d'affiche de la soirée : les pionniers du neo metal, les Américains de DEFTONES. Pour le coup c'est un raz de marée qui envahit la fosse pour écouter cette légende, qui a influencé tant de groupes. Nous avons profité du concert pour faire un tour sur la grande roue du festival et autant dire que de là-haut, on y apercevait l'ampleur de l'énergie incroyable de ce groupe, en parfaite harmonie avec celle rendue par les fans. Le soleil couchant ajoutant sa touche de magie pour l'un des concerts les plus marquant de cette édition. Sen Dog (POWERFLO) rejoint Chino Moreno à la fin du concert.

CHILDREN OF BODOM ou LIMP BIZKIT ? Altar ou Mainstage 2 ? Dur dilemme… Finalement le groupe américain de rap/metal aura notre préférence alors que la nuit est tombée sur le Hellfest. Les premières notes de Purple Rain, reprise de PRINCE, accompagnent l'arrivée de LIMP BIZKIT qui interprétera le morceau sur scène et c'est parti pour une heure d'un rythme échevelé, sans temps mort. Le séduisant leader du groupe a eu du mal ce matin à choisir sa tenue et du coup il a mis ce qui lui tombait sous la main. Mais bon, ça ne gâche pas son talent, heureusement ! Beaucoup de reprises dans cette prestation, notamment Faith de Georges Michael, de medleys, un peu au détriment de leurs propres titres, ce qui est dommage. Le groupe ose aussi des samples  rap de D12 ou Dr. DRE, qui n'ont pas mis le feu aux poudres pour autant, l'esprit est festif et le public adore. Les slams reprennent de plus belle, la fraîcheur qui s'installe a secoué le public qui ne demande qu'à sauter et de rendre au groupe l'énergie qu'il lui envoie.

Pendant ce temps, Mike Patton (FAITH NO MORE) et Dave Lombardo (SLAYER) débarquent dans la Valley présenter leur nouveau groupe survitaminé DEAD CROSS. Le frontman, en chemise Hawaïenne orange, mène la danse à la cadence vertigineuse de leurs rythmes effrénés, sous une pluie de projecteurs stroboscopiques étêtant. Les morceaux d'un genre Hardcore Punk sont très courts, mais décollent radicalement le bulbe. La dimension live met très en valeur le potentiel du groupe ajoutant un groove certain que l'on ne ressent pas forcément sur l'album et EP déjà sortis.

Un break est le bienvenu, le temps d'admirer encore une fois le lieu illuminé de toutes parts. Difficile de garder les yeux sur la scène quand les flammes libèrent leur chaleur et leur clarté tout autour de la fosse. D'ailleurs, la vue doit être impressionnante pour les artistes avec la foule qui s'étale jusqu'à la cathédrale, dominée par la grande roue éclairée qui se détache dans la nuit… Du coup on relâche la pression et on profite du concert d'AVENGED SEVENFOLD. On se rend pourtant vite compte que la voix de M. Shadows n'est pas aussi juste et puissante que d'habitude, et qu'il aura du mal à tenir tout le concert. Il dédie Hail to the King à Vinnie Paul (batteur de Pantera) dont on a appris la disparition dans la journée. Quelques titres plus tard, il s'excuse pour sa voix défaillante, et laisse même sa place à un jeune homme du public sur Nightmare, se contentant de faire les choeurs. Encore quelques efforts et le set s'achève sur Unholy Confessions. Le groupe, très attendu par le public, n'aura pas vraiment tenu toutes ses promesses mais les mélodies restent tout de même terriblement efficaces, et l'enthousiasme était de toutes façons au rendez-vous. Nous voici complètement réveillées lorsque les Australiens de PARKWAY DRIVE déboulent sur scène avec Wishing Well, extrait de leur tout dernier album Reverence. Ca déménage dans tous les sens, 1H du matin semble un horaire tout à fait habituel pour le groupe qui va dérouler plusieurs titres de cet opus. Effets pyrotechniques grandioses et batterie rotative à la "Tommy Lee" comme on le dit par ici (on aurait bien dit Joey Jordisson aussi), procurent un maximum d'énergie à leur concert, le public est comblé et restera d'un bloc durant le concert entier malgré l'heure tardive.

Pendant ce temps, DIMMU BORGIR officiait au Temple, le dilemme entre ce concert et celui donné simultanément de PARKWAY DRIVE était si fort que notre petite équipe s'est séparée quelques instants pour en profiter au maximum. Et quel concert ! DIMMU BORGIR était lui aussi très attendu, les fans étaient nombreux devant la scène au cours de l'heure qui précédait leur arrivée. Le groupe a notamment livré ses plus belles oeuvres des derniers albums, avec leur titre éponyme, Gateways, ou encore The Council of Wolves, le show est magistral, l'éclairage et les mises en scènes soignées. Faute d'un orchestre pour les accompagner (on ne peut pas tout avoir), les titres s'enchainent à la perfection et accompagnés de nombreux effets pyrotechniques captivants. Les rois norvégiens du black metal symphonique ont offert un déferlement de décibels et de lumières qui sonneront le glas de notre seconde journée.

C'est avec beaucoup de regret qu'il faut quitter les lieux, et prendre la direction de la sortie. C'est le pas lourd et les oreilles bourdonnantes que nous retrouvons (du premier coup cette fois-ci) notre carrosse pour aller jouer les Belles au Bois Dormant...