Everyday is Halloween, chantaient les grands esprits du passé. Alors que la saison des citrouilles approche, il était temps de se mettre dans le bon esprit (enfin, vous nous connaissez : les esprits sanglotent souvent à nos côtés, et ceux d'Halloween ne sont jamais bien loin) ! Bonne nouvelle : le cirque de Raven Black (à ne pas confondre avec Raven Black, rien à voir, ceux qui nous intéressent viennent de Californie alors que les autres sont allemands) est de retour en ville ! Que cache ce chapiteau miteux qui ne nous laisse entrevoir que quelques silhouettes difformes ? Prenez-vous une barbe à papa et un ticket, on va visiter ça ensemble !
Nostalgiques des Stolen Babies et de Creature Feature ? Vous n'en pouvez plus d'attendre le nouvel album de Tardigrade Inferno ? Vous devriez alors trouver ici de quoi vous empiffrer de bonbecs et danser avec les squelettes que vous planquez dans votre cave le reste de l'année ! Raven Black connaît tous les tours du genre : rythmiques entraînantes, comptines détournées, musiques de cirque, chœurs joyeusement sinistres, ambiance de conte de fée gothique et le fantôme de Danny Elfman qui se trémousse comme un zinzin... on s'y amuse comme des petits fous dangereux lorsqu'une mystérieuse panne de courant leur permet de fuir leurs cellules ! Dans son dernier album, Raven's Diary, Raven Black proposait un ensemble plus intimiste et introspectif, plus hanté et poétique aussi... cette fois-ci, le trio revient aux choses pas sérieuses et renoue à la fois avec le décalage de The Key et la violence de 13.
On se retrouve alors bringuebalés dès le début du show par la danse folle de Circus Hell, l'occasion d'inviter les "trolls et haters" à rejoindre le cirque pour devenir, à leur tour, le spectacle, puis par la lourdeur plus lugubre de Death Waltz. En comparaison avec les groupes cités plus haut, Raven Black est plus violent (enfin, si l'on oublie les fulgurances black metal des Stolen Babies) : des growls en backing, une batterie qui fait du pâté avec nos têtes décapitées par des guitares acérées... Le groupe pique au neo-metal quelques gimmicks pour faire dans l'efficacité (Torture Box, aux relents metal indus, sent bon les années 2000, leurs maquillages outranciers et leurs clips filmé au grand angle) tout en y greffant quelques numéros de guitare plus démonstratifs (Dead).
Les numéros s'enchaînent dans la bonne humeurtre : une pause mélancolique aux accents folk / americana (Never Say Goodbye) ouvre la porte à un morceau-titre cinématographique intense et gothique avec piano et violon. Puis, I'm Just a Doll ralentit la cadence pour épaissir la noirceur alors qu'à l'inverse This Little Piggy et Rockstar nous étourdissent avec la frénésie d'une horde de gamins possédés ayant abusé des barbes à papa. Dans tout cet amusant chaos, on ressent cependant une sincérité dans les émotions, quelques explosions de rage cathartiques, de l'amertume et du désespoir qui s'ajoutent aux spectres qui y paradaient déjà pour ajouter un supplément d'âme (la flippante Soul ou la plus hargneuse Fuck You).
Le plus important avec Black Sonata, finalement, c'est qu'il s'agit d'un album fun. Raven Black nous piège dans son tourbillon d'énergie, un joyeux bordel souvent chaotique mais plein d'idées. On rejoint alors bien volontiers cette parade bizarre, joyeusement sale et méchante pour se moquer et se venger de tous les vilains moldus arrogants tout pourris, tout normaux.