Chronique | Pavlov - S->I->R

Pierre Sopor 20 novembre 2015

Avec le bon stimulus on peut obtenir d'un individu une réaction donnée. Une théorie qui donne au premier album de PAVLOV son titre, S->I->R, mais qui permet aussi à un système totalitaire (ouvertement ou non) de provoquer chez le peuple ce qu'il souhaite. Si le nom du groupe ne suffisait pas, on comprend donc rapidement que le conditionnement des masses intéresse le groupe parisien, dont la musique est un moyen de s'affranchir de ce que la sociologie et la psychologie ont mis en évidence. Il y a dans la musique de PAVLOV une énergie brute, une urgence, un besoin d'exister en refusant les compromis qui pourraient bien être hérités à la fois de la scène grunge des années 90 et du punk. De cette énergie naissent des morceaux chargés de rage, parfois presque nihilistes (comme Open et ses éclats, ou Looking For avec ses paroles scandées, ses riffs groovy et sa basse qui rappelleraient presque TOOL ou RAGE AGAINST THE MACHINE). Et puis il y a les passages où PAVLOV calme le jeu et se fait plus insidieux, comme sur You're Not en fin d'album, ou Mirage où Marie-Claude Martine (qui sévit aussi dans TRICKSTERLAND) assume un chant en français, toujours risqué mais sans être moins incisif. Et c'est peut-être ce qui rend ce premier album de PAVLOV si intéressant : ses choix assumés, revendiqués, ses prises de risque quitte à être imparfait, quitte à ne pas correspondre aux standards de ce que doit être le rock indépendant en 2015, loin de cette soupe propre sur elle, inoffensive et mièvre qui salope les ondes radios et compte sur la passivité de son public pour être entendue. Ce premier album de PAVLOV arrive comme un cri, un cri qui doit se faire entendre et qu'il serait dommage d'ignorer. Il y a des groupes qui se méritent et exigent de leur public autre chose qu'une écoute polie et passive et PAVLOV en fait partie. Il reste à espérer que le groupe, en évoluant, ne perdra pas de sa spontanéité brute.