Chronique | Naut - Hunt

Tanz Mitth'Laibach 21 février 2023

Formé entre 2016 et 2017, le groupe britannique NAUT se définit comme "dark post-punk" : cela peut paraître quelque peu pléonastique mais il est en tout cas certain que le groupe se distingue dans la production post-punk ; ses deux EP Semele et Raise the Lights se démarquaient déjà par un style particulièrement tendu. Cette année, le groupe originaire de Bristol sort son premier album, Hunt, mis en avant par une belle couverture mêlant ténèbres et lumières irréelles.

Comme les EP, Hunt est à la fois plus violent et plus sombre que ne l'est d'ordinaire le post-punk. On retrouve des riffs de guitares très incisifs, n'hésitant pas à jouer de la saturation, tandis que le chanteur Gavin Laubscher martèle ses paroles avec hargne ; une basse écrasante et des nappes de synthétiseur accompagnant souvent les envolées du chant complètent le tableau. Le combat et la violence d'une manière générale occupent une place centrale dans les paroles des chansons, souvent accompagnées du froid et de la nuit. Néanmoins, là où l'on sent que NAUT a progressé, c'est que les riffs ne sont plus seulement rapides et incisifs : ils sont beaucoup plus lourds, d'autant que la structure des morceaux leur donne davantage de pesanteur. L'effet est à la fois entraînant et oppressant.

NAUT montre également au fil de l'album sa proximité avec la scène gothique : lorsque les guitares et le chant ralentissent, comme sur Damocles, on retrouve rapidement des échos de CHRISTIAN DEATH au début des années Valor ou de THE SISTERS OF MERCY période Vision Thing ; l'album est en outre noyé dans la réverbération. C'est en effet à un post-punk particulièrement sombre que l'on a affaire, qui cependant explose parfois en flamboiements lorsque le synthétiseur apporte davantage de couleurs, pour peu de temps et à bon escient.

Notons enfin que l'album est bien construit, les derniers morceaux Nightfall et Watchers font l'effet d'une charge finale très réussie après la pesanteur qui marquait le milieu de l'album. Les compositions, qui sont de Gavin Laubscher et du guitariste Jack Welch, sont très unies tant par leur qualité que par leur esprit. La seule chose que l'on regrette un peu, c'est que le chant ne soit pas plus diversifié -d'un morceau à l'autre, on retrouve les mêmes cris et l'on devine les moments où ils vont s'alterner avec le chant en voix claire. On est en tout cas sûr d'une chose au sortir de l'album : NAUT, c'est du solide. La flèche a atteint sa cible.