Chronique | Dxvxdxd Sxlf - Of Wolves & Men

Pierre Sopor 29 décembre 2018

DXVXDXD SXLF est un quator français qui s'est formé en 2017 et dont Of Wolves & Men est le premier EP. Un EP généreux, composé de huit pistes (dont trois sont des reprises acoustiques des premiers morceaux) pour découvrir un son atypique, revendiquant des influences gothiques mais assumant aussi des tendances metal frénétiques. 

L'EP nous fait entrer immédiatement dans le vif du sujet : DXVXDXD SXLF a le sens du théâtre et l'intro de Under the Gaze of Christ, avec ses cordes, est pleine d'emphase et d'intensité. Quand les guitares et batteries entrent en jeu, c'est pour cogner immédiatement très fort. Le chant, à la fois rauque et plaintif, capte l'attention et véhicule une rage viscérale quand il se mue en cri désespéré. Le rythme est effréné, c'est accrocheur et efficace, particulièrement bien foutu et bien produit pour un premier EP. Moins violent, Dreamer on Ecstazy laisse transpirer des influences trip-hop alors que le chant de Alec Hourvari, tourmenté et parfois nasillard, évoque aussi bien Layne Staley que Brian Molko : derrière l'étiquette "goth metal" revendiquée par le groupe, il y a un véritable feeling grunge apporté par cette voix, renforcé par la mélancolie générale. Le son de DXVXDXD SXLF doit autant à SOUNDGARDEN (parfois flagrant sur Spiritual Beggars) qu'à MARILYN MANSON, c'est très rentre-dedans, très rock'n'roll mais aussi bien méchant. Les riffs mordent très fort et la batterie est sans pitié, maintenant une intensité de tous les instants. Comme peut le faire HYPNO5E, le début de Spiritual Beggars nous invite à quelque chose de plus contemplatif avec une intro très cinématographique, citant un film de Tarkovsky, avant de nous replonger en plein tumulte. 

Of Wolves & Men est composé de deux parties. Si la première nous met à genoux avec sa puissance de tous les instants, la seconde est plus calme et propose des versions acoustiques des morceaux précédents. L'occasion d'apprécier encore les qualités de composition de DXVXDXD SXLF, notamment avec ce piano digne d'une bande-son de film sur Under the Gaze of Christ. Thrv the Looking-Glass, titre proposé uniquement sous sa forme unplugged, conclue ce premier EP, séduisant et convaincant. Si les musiciens de DXVXDXD SXLF réussissent aussi bien leur coup, ils le doivent certes aux qualités évidentes de leur musique (ça joue bien, et cette voix a quelque chose de particulièrement communicatif), mais aussi parce qu'ils ne retiennent pas leurs coups : ça sent la sueur, le sang et les tripes tout le long, une générosité et une sincérité qui ne peuvent pas laisser insensible.

PS : on espère évidemment que tout le long vous avez lu ce texte à haute voix en essayant de prononcer DXVXDXD SXLF comme ça s'écrit, en vous demandant si vous n'avez pas raté une info concernant les chiffres romains. On dit "divided self", facile.