Chronique | Alice Cooper - Welcome 2 My Nightmare

Pierre Sopor 13 septembre 2011

Pour son vingt-sixième album, ALICE COOPER a décidé de donner une suite à son chef d'oeuvre de 1975, Welcome To My Nightmare. L'idée vient du producteur Bob Ezrin, qui souhaitait réunir le line-up de l'époque (Michael Bruce, Neil Smith et Dennis Dunaway sont ici présents sur trois titres) pour célébrer les trente ans de l'original.

Les toutes premières notes de I Am Made Of You reprennent pour notre plus grand plaisir la mélodie de Steven et permettent de faire le lien entre les deux disques. Mais quand Cooper commence à chanter, c'est le choc : que vient faire de l'autotune ici ? On sait que papy reste dans le coup et a su adapter sa musique aux époques, mais après le très classique Along Came A Spider sorti en 2008, ces effets ne sont pas de meilleur goût. Le titre peine d'ailleurs à décoller malgré un refrain assez théâtral, et c'est avec joie que l'on retrouve enfin sa fameuse voix éraillée sur Caffeine. Bien plus déjanté, on entre dans le vif du sujet : tels les héros de la saga Les Griffes de la Nuit, il ne faut surtout pas s'endormir, de peur d'y laisser sa peau. Le cauchemar recommence enfin pour de bon avec The Nightmare Returns (le titre était sûrement un petit indice !), morceau de courte durée mais qui comporte tout ce qu'il faut : petite comptine, notes de piano flippantes (encore une fois le thème de Steven) et final en apothéose. Dommage qu'après ce coup d'éclat, Runaway Train sonne un peu trop convenue et rapide, cassant brutalement l'ambiance qui s'installait, mais Last Man On Earth nous rassure immédiatement après. Bénéficiant de la présence de Piggy D à la guitare, ce titre excellent dans une ambiance très cabaret rappellerait presque TOM WAITS. De The Congregation, on retient surtout sa rythmique un peu tribal à la MARILYN MANSON (oh, le sacrilège : dire que l'un ressemble à l'autre dans ce sens là!), et la figuration bien cachée de ROB ZOMBIE.

Si ALICE COOPER arrive à nous mijoter quelques grands moments, d'autres tombent par contre un peu à plat... Après la très classique I'll Bite Your Face Off (single oblige) arrive l'unique et très pop Disco Bloodbath Boogie Fever. Le Coop serait-il une Pussycat Doll déguisée, dans un cirque barré emmené par Danny Elfman ? Passée la gêne provoquée par la vision de papy Cooper dans une situation aussi saugrenue, il faut bien reconnaître que ce titre est le plus fun, le plus cool et le plus original de l'album, en plus d'être franchement drôle et très festif et d'avoir John 5 à la guitare, histoire de piquer tout le groupe de ROB ZOMBIE. Après cet éclat de génie, se succèdent un morceau tout à fait classique (Ghouls Gone Wild), une balade sirupeuse (Something To Remember Me By), un featuring avec la chanteuse pop KESHA (What Baby Wants : après le mythique Vincent Price sur The Black Widow en 75, c'est vraiment une nouvelle sorte de cauchemar que l'on découvre ici...). De cette fin, on retient la plus sombre When Hell Comes, petit bijou d'ambiance malsaine au milieu d'un cauchemar souvent trop lumineux.

Comparé au premier album, on regrette justement ce manque d'ambiance, de linéarité narrative, le cauchemar ne prend vraiment forme qu'en de trop rares moments et n'atteint jamais le sommet d'ambiance de l'enchainement Years Ago / Steven / The Awakening. ALICE COOPER finit en beauté avec The Underture, piste instrumentale reprenant les différentes mélodies des deux albums : ça commence sur Welcome To My Nightmare, on rigole pendant le passage Disco Bloodbath' et s'achève sur Years Ago et les appels de Steven. Joli bouquet final pour clore un spectacle épique si on le prend dans son ensemble, contenant son lot de passages cultes et légendaires, ou pouvant le devenir.