Chronique | Vulture Industries - The Tower

Pierre Sopor 12 juillet 2017

The Tower est le troisième album de VULTURE INDUSTRIES, groupe inclassable et donc inévitablement bazardé dans le metal dit "d'avant-garde". Il faut dire que l'univers des norvégiens est particulièrement riche, allant piocher aussi bien du côté du metal progressif que du cabaret. On pourrait vulgariser ça en disant que c'est CULT OF LUNA qui rencontre TOM WAITS, mais ce serait trop facile...

Rien qu'avec son superbe artwork dessiné, The Tower marque une rupture avec les précédentes sorties du groupe. Musicalement, dès le morceau-titre, on sent que l'album ne sera pas commun. Impossible de ne pas penser à une version plus metal de FAITH NO MORE, dont on retrouve ici toute la démesure, mais aussi l'imprévisibilité. Le chant de Bjørnar Erevik Nilsen rappelle d'ailleurs furieusement celui de Mike Patton. Mais c'est quand VULTURE INDUSTRIES s'éloigne des sonorités dures et violentes qu'il atteint des sommets. The Hound, avec son chant de crooner et sa rythmique plus lente, est le morceau épique sur lequel on commence à se dire que l'on tient un grand album. Dans la même catégorie, The Dead Won't Mind avec ses claps et son ambiance dépravée est un autre moment théâtral mémorable, une sorte de version enfumée de la chanson d'Oogie Boogie de DANNY ELFMAN pour la bande son de L'Étrange Noël de Mr Jack dans laquelle NICK CAVE aurait sa place. Si vous n'avez pas succédé aux charmes inquiétants de VULTURE INDUSTRIES, on ne peut plus rien pour vous. Avant sa conclusion, The Tower propose un titre s'ouvrant de manière funèbre avec un tambour militaire et un saxophone, Lost Among Liars, qui évolue vers quelque chose de moins oppressant et plus aéré. Il serait cependant dommage de passer à côté de Blood Don't Eliogabalus, titre bonus écoutable sur le bandcamp du groupe qui propose un morceau de bravoure totalement barré, d'où se dégage à la fois menace et humour.

VULTURE INDUSTRIES a réussi avec The Tower à donner une consistance à son univers encore tâtonnant dans ses précédents disques en signant un album étrange, fascinant, magique et grandiloquent. Cette tour est une sorte de cirque déviant, drôle, mélancolique et effrayant dont on ne ressort pas sans avoir été sévèrement secoué.