Chronique | Moebius - Memories

Spoon 1 avril 2019

Tout le monde a des cadavres cachés que certains voudraient ne jamais revoir, d'autres s'en amuseront en lâchant un "qu'est-ce que j'étais con". Le problème est qu'Internet n'oublie jamais et que même un projet laissé pour mort demeure dans les limbes de la matrice. C'est le cas de MOEBIUS, où seul subsiste un album best-of de titres remasterisés. Il y avait un temps où la trance dégoulinait de toutes les sonos, à ne plus savoir qui produit quoi tellement tout se ressemble. Et le cycle se répète tel un Ouroboros selon les genres à la mode… Soyez cléments, ça aurait pu être de la tecktonik !

Bref, Memories revisite huit années de compositions entre 2005 et 2013, à raison d'une musique choisie par printemps, avec trois remixes bonus. Il ne faut que quelques secondes avant que la nostalgie ne vienne vous frapper un parpaing. Des titres comme Space Odyssey ou Broken nous ramènent directement au beau milieu de toute cette effervescence de techno quand celle-ci atteignait son apogée au beau milieu des années 90-00. Ça suinte le kitsch, c'est retro à souhait avec sa bonne dose de cheap. L'ensemble de l'album est d'une fluidité étonnante, preuve d'un effort de production. Les différents éléments s'enchaînent sans accro et ce malgré les changements de rythmes. A titre d'exemple, Dreaming et Apex sont sans doute les plus travaillées, avec davantage d'effets et de variations mélodiques au sein du même titre. De son côté Eternam, plus aérienne, nous plonge dans un ambiance spatiale en mettant l'accent fort sur les drones éthérés.

On a tout de même droit à des titres plus nerveux, avec le clavier de The Exodus plus lourd et davantage dans les graves, notamment sur la première partie. De son côté Trance Melody se veut plus profonde dans les basses, avec un démarrage plutôt orienté hardstyle malgré une tendance logarithmique où l'engouement se tasse sur la longueur à cause d'une rythmique assez redondante. C'est davantage sur les pistes bonus que se joue ce côté énergique, notamment avec Afterlife. Ce titre propose quelque chose de différent avec une approche plus techno au niveau du clavier, qui prend le pas sur la rythmique. C'est sûr ce synthé et non la basse que la musique va se construire et appeler au dancefloor, qui reste un exploit louable à titre subjectif et particulièrement apprécié. L'album se termine sur Too Many Times et sa promesse d'un bpm accéléré comme l'annonce le Hard du titre. Bien que ce dernier connaisse quelques longueurs, on a droit à des explosions régulières de mélodies qui jaillissent de toutes parts.

Mais dites-voir, pourquoi chroniquer soudainement un album de trance en cette célèbre date ? Et bien, comme l'annonçait le laïus à cet essai, celui-ci mentionnait d'éventuels cadavres cachés. Pourtant, le best-of Memories est très bon dans son ensemble. On soulignera une production excellente et soignée pour une produit fini digne d'un professionnel, avec un effort ressenti sur la composition – notamment mélodique – pour palier à la rythmique souvent répétitive du genre. MOEBIUS n'a pas été choisi par hasard, loin de là…

N'est-ce pas, Julien ?