Chronique | Black Magnet - Hallucination Scene

Pierre Sopor 17 décembre 2020

Hallucination Scene est le premier album de BLACK MAGNET, projet du multi-instrumentiste James Hammontree, un petit gars qui a dû être bercé aux douces sonorités de MINISTRY, FEAR FACTORY, GODFLESH ou NINE INCH NAILS. On peut se douter que ça laisse des séquelles, et c'est dans l'ombre de ces illustres modèles qu'il s'installe confortablement pour sortir un album aux airs retro et, pourtant, jamais passéiste.

On retrouve en effet dans Hallucination Scene cette saveur crasseuse qu'avait le metal industriel du début des années 90, quand il était méchant, fou, incisif et si viscéral, avant que l'aseptisation clinique et dansante ne passe par là. Il est question de bruit et de fureur : l'univers de BLACK MAGNET est poisseux, angoissant, violent et viscéral, on ne s'y plonge pas pour danser avec son plus beau masque à gaz mais bien pour y respirer les odeurs rances d'une cave dégueulasse.

Hammontree n'est pourtant pas passéiste, sa musique sonnant aussi résolument moderne et peut se ranger aux côtés de ce qui se fait de mieux dans le genre ces dernières années. Surtout, avec des titres relativement courts et un album qui a la bonne idée de ne pas s'éterniser, l'intensité ne faiblit jamais. Hallucination Scene cogne fort dès Anubis, au beat effréné et aux paroles hargneuses qui nous sont crachées au visage. L'album ne se répète pas et enchaîne titres énervés, poids lourds fédérateur (Trustfucker) et tempêtes bruitistes (Punishment Map) sans oublier les paysages dévastés post-apocalyptiques (Hegemon et ses airs mystiques, quelle ambiance !). Guitares sinistres, percussions métalliques, sons d'usine et cris rageurs : la recette, organique, fonctionne.

BLACK MAGNET tabasse tout du long, on pense à NINE INCH NAILS qui se serait perdu entre Broken et The Downard Spiral ou GODFLESH période Streetcleaner, mais aussi la lourdeur de AUTHOR & PUNISHER, l'agressivité de YOUTH CODE ou les atmosphères à la YERÛŠELEM : Hallucination Scene fait mieux que sentir la naphtaline en récitant sagement sa leçon. C'est une vraie bonne claque qui dépoussière nos étagères et déménage sévère.