Undercover Slut

Undercover Slut

Erīck Wīhr 5 mai 2016

UNDERCOVER SLUT, groupe controversé de la scène industrielle française, s'est formé à l'origine autour de son chanteur O, la grande gueule du groupe autant apprécié que détesté pour son franc parlé. Alors que le groupe occupait une place grandissante sur la scène parisienne, celui-ci s'était progressivement raréfié depuis la sortie de l'album Amerikkka Macht Frei. Il réalisera finalement un des derniers shows à Paris en première partie de MURDERDOLLS à l'Elysée Montmartre en 2011. C'est début 2016 que les pages du groupe se sont vues redecorées d'un nouveau logo suivi d'annonces suggérant l'arrivée d'une nouvelle ère. Nous avons voulu creuser la question avec le groupe et découvrir ce qui se préparait en toute discrétion. Drag et O se sont prêtés au jeu et le moins que l'on puisse dire est qu'ils sont fin prêts pour leur retour.

Où en est UCS actuellement ? Peu d'informations circulent sur vous entre deux albums.
O. : Le nouvel album est notre priorité absolue. Important d'entretenir une certaine mystique à une époque où tout le monde est au courant de ce que tu fais à la vitesse de la lumière. Assez ridicules tous ces gens qui photographient ce qu'ils s'apprêtent à boire ou à manger.

Votre dernier single prend un nouveau virage musical avec la forte présence de sons electro, le rapprochant plus encore de la scène industrielle. Est-ce le signe d'un album empreint de ce style ou s'agit-il seulement d'un coup d'essai ?
O. : Nous venons d'entrer dans l'ère de l'ELECTROSICK.
Drag : « Chloroform Nation » n’est que la partie immergée de l’iceberg. Les titres à venir auront tous leurs particularités et leur âme. Parfois plus électronique, parfois moins. L’idée au départ n’est pas de se rapprocher de la scène industrielle. Nous vivons à une époque où des milliers de solutions s’offrent à nous pour pouvoir créer des sonorités qui nous sont propres, il me paraît naturel de les exploiter. En fait, pour ma part, œuvrer dans l’industriel n’a jamais été un choix, mais une évidence.

Si les premiers concerts-live de l'album précédent adoptaient un look Shock-Rock-Fetish-Glam, celui-ci s'est en quelque sorte assagit lors des derniers concerts, serait-ce symptomatique d'une évolution vers d'autres horizons ?
O. : Nous continuons toujours à nous maquiller comme des voitures volées. Les fringues que nous portons changent selon nos humeurs.
Drag : Au même rythme que la musique d’un artiste, les shows évoluent. C’est tout à fait logique. Si la musique d’UNDERCOVER SLUT s’enrichit, attendez-vous à ce que nos futures apparitions procurent leurs lots de surprises…

En 10 ans, la scène indus française a énormément évolué. Beaucoup de groupes ont disparu. Quel rôle UCS pourrait avoir à jouer en France ?
O. : Aucune idée de ce qui se passe en France pour pouvoir répondre à cette question.
Drag : Encore une fois, il n’y a pas de volonté délibérée de faire à cette scène dite « industrielle » et de se ranger dans une case bien précise. Maintenant, si le public et les médias persistent à nous classer dans cette catégorie, alors UNDERCOVER SLUT apportera à coup sûr un nouveau souffle. Mais nous n’avons pas vocation à faire vivre un style en particulier.

Peut-on s'attendre à une nouvelle sortie dans les mois à venir ?
O. : "VICE" second single extrait du prochain LP "Haters Gonna HATE" est prévu prochainement en Digital et Digipak. L'album suivra dès que tout sera finalisé niveau production.
Drag : « Haters Gonna HATE » est toujours en cours d’élaboration, bien que le squelette soit déjà en place, il reste encore du travail pour que tout soit prêt, peut-être y aura-t-il des surprises quant à sa réalisation… Parallèlement, il est également question d’un retour sur scène dans les mois à venir. UNDERCOVER SLUT a été absent trop longtemps, il y a tout un processus à relancer afin de le ramener sur le devant de la scène.

Si un éventuel album se concrétisait qu'en attendriez-vous ? Quelles sont vos influences majeures en 2016 ?
O. : Pas éventuel, bel et bien réel. Comme la vie, son lot de surprises bonnes et mauvaises. Le déclin de la civilisation occidentale telle que nous la connaissions alimente inépuisablement ma source d’inspiration.
Drag : D’une part reprendre les choses là où nous les avions laissées, pour diverses raisons après Amerikkka Macht Frei, et enfin projeter UNDERCOVER SLUT à son plus haut niveau. La meilleure des influences, peu importe l’époque, c’est le regard sur le monde, le quotidien. C’est le vécu qui s’exprime à travers l’art. C’est la plus riche et la plus inébranlable des influences. 

Citez-nous 5 titres musicaux capables de les caractériser ?O. : R.A.S.
Drag : BFM TV, CNN, Al Jazeera, CCTV, BBC World News.

Le line-up a pas mal été chamboulé depuis les débuts du groupe. Qui le constitue aujourd'hui ?
O. : Drag est maintenant à la guitare, avons une nouvelle section rythmique, je gêre toujours le Gospel.

De quelle manière faites-vous vivre le groupe entre deux albums ? Qui fait quoi dans UCS ?
O. : J'écris les lyrics et les lignes de chant qui vont avec. Drag s'occupe du panorama sonique.
Drag : Je mets à profit toute l’inspiration que j’ai pu accumuler les jours ou semaines passées et j’entame le travail de composition. Je soumets les ébauches à ‘O’, et nous discutons ensemble de comment les faire évoluer, nous essayons de nous mettre d’accord sur les thèmes, ce que cela nous évoque de manière à obtenir quelque-chose de cohérent. Bien souvent c’est le cas, nous sommes sur la même longueur d’onde.

Peu de temps sépare vos deux premiers albums. Mais Amerikkka Macht Frei fête ses 8 ans maintenant. Pourquoi une telle attente ?
O. : Il y a l'épidémie de grippe qui religieusement arrive chaque hiver et puis il y a la Peste qui arrive sans prévenir et qui disparait jusqu'à la prochaine fois. Nous ne sommes pas de ces groupes pris à la gorge via leur statut de saltimbanque du spectacle ou par leurs label et tourneur à devoir fournir un album tous les 24 mois.
Drag : J’ai quitté le groupe fin 2010, pensant avoir mieux à faire de mon côté… Finalement, j’ai été joint par ‘O’ il y a 3 ans, pour assurer un seul et unique concert à la basse, en ouverture des 69 Eyes. La nostalgie faisant son effet, j’ai estimé que ma place était dans UCS, que nous devions finir ensemble ce qui avait été commencé. Tout cela aura fait perdre de nombreuses années, mais nous sommes maintenant plus prêts que jamais à emmener UCS aussi loin que possible.

Vous avez eu l'occasion de faire plusieurs concerts en dehors de nos frontières. Quel en a été l'accueil ? Avez-vous déjà considéré vous installer ailleurs ?
O : Les opportunités ont toujours été plus nombreuses à l’étranger qu’en France… A méditer…
Drag : Je ne sais pas si notre place est plus à l’étranger qu’ici, mais c’est vrai que le rock, d’une manière générale est d’avantage ancré dans les cultures anglo-saxonnes que dans la nôtre, il est probable que notre musique soit plus en mesure de toucher le public en dehors de nos frontières, d’autant plus que la langue française a toujours été bannie dans les textes.

Que souhaitez-vous apporter aux gens par la musique ?
O. : Conscience et lucidité.
Drag : Un substitut aux antidépresseurs.

Le mot de la fin ?
O. : Merci pour cette interview et la liberté d'expression.