E-Tropolis Festival 2014 @ Oberhausen (DE) - 22 février 2014

E-Tropolis Festival 2014 @ Oberhausen (DE) - 22 février 2014

Cécile Hautefeuille 22 février 2014 Cécile Hautefeuille Cécile Hautefeuille

Steinkind

Le public a répondu présent dès l'ouverture des portes de cette nouvelle édition de l'E-Tropolis, installée pour la première fois à Oberhausen. Tandis que CHROM affichait déjà presque complet dans la grande salle, STEINKIND s'installait sur la petite scène. Un début de festival marqué par un son lourd, industriel, qui fait déjà bouger les foules en ce tout début d'après-midi. Pourtant, l'impression du live reste en demi-teinte. Le groupe n'a pas sorti d'album depuis plus de trois ans et cela se ressent. Les morceaux dansants habituellement joués en club paraissent moins péchus. L'expérience live n'est donc malheureusement pas aussi puissante que les versions studio.

[X]-RX

Pour danser, [X]-RX est le groupe qu'il vous faut. Pour pallier les difficultés visuelles de tant de groupes qui se cachent derrière leur ordinateur, le duo met toujours le paquet. Que l'on accroche avec la musique ou non, difficile de ne pas suivre le rythme de ces deux infatigables qui occupent l'espace comme personne. La salle se réchauffe, le public est conquis.

Xotox

Voilà un groupe qui tient la distance. Lentement mais sûrement, le projet solo d'Andreas Davids a récemment soufflé ses seize bougies. Transformé en duo à l'occasion de leurs concerts, XOTOX restent une valeur sûre pendant les festivals. Certains groupes d'indus aussi extrême demandent un temps d'adaptation. XOTOX, eux, créent toujours la surprise. On est tout de suite happé, hypnotisé par le show mené d'une main de maître. On en reprendra bien pour quinze ans.

Faderhead

De retour sur la grande scène, c'est FADERHEAD, fort d'un tout nouvel album mêlé de nombreuses influences, qui mène la danse. Comme toujours accompagné des frères Meyer, Sami Mark Yahya est également rejoint par Jörg Lutkemeier, tout nouveau retraité de STRAFTANZ. Il faut le reconnaître, le cocktail prend bien. L'enthousiasme est toujours présent et les nouveaux morceaux ont la part belle dans cette setlist de tubes incontournables. N'ayant pas revu FADERHEAD depuis trois ans, il est néanmoins décevant de ne pas voir le show innover significativement.

Tyske Ludder

C'est une première pour un concert de TYSKE LUDDER : la lumière fut ! En effet, l'architecture de la seconde salle permettait, avant la tombée de la nuit, un éclairage permanent par des fenêtres perchées à vingt mètres de haut. Ce fut donc la première fois que je pus réellement voir un concert de TYSKE LUDDER, qui jouent habituellement dans le noir. Sur scène, pas moins de deux batteries (électronique et organique). Les quatre garçons produisent un spectacle puissant, visuel, entêtant, presque épuisant. Ça fuse à gauche comme à droite, les membres se relayent pour enflammer un public conquis. L'esthétique du groupe, toujours controversée, est néanmoins très bien léchée. Aucun détail n'est laissé au hasard. On en prend plein les yeux et les oreilles.

Aesthetic Perfection

AESTHETIC PERFECTION est habituellement un régal pour les yeux. Pourtant, malgré la maîtrise de l'espace de son chanteur Daniel Graves, la scène principale semble bien grande pour les trois membres du groupe, Tim Van Horn et Elliot Berlin restant cachés à chaque coin de la scène. Les lumières, bien qu'intimes, sont décevantes. Rares sont les moments où l'on aperçoit les deux accolytes du fond de la scène, eux qui offrent pourtant toujours un spectacle sans équivalent. Si l'on danse moins ce soir sur AESTHETIC PERFECTION, on écoute avec d'autant plus d'intérêt les morceaux du tout nouvel album "'Til Death". Le concert débute en puissance avec le tube sorti à l'été 2013 "Antibody" et l'énergie apportée par chacun des membres se renforce au fil des chansons. C'est avec AESTHETIC PERFECTION que la grande salle devient comble et va le rester jusqu'à la fin de la soirée. Un succès incontestable.

Dive

DIVE, c'est inexplicable. Projet solo d'un des piliers de l'EBM belge Dirk Ivens, DIVE nous rappelle que l'âme de la musique électronique expérimentale est toujours vivante. Le show peut toutefois déranger, diviser. Sur scène, Dirk Ivens, seul, sans instrument, parfois un mégaphone. La musique n'est faite que de boucles agressives et répétitives. En guise de lumière, un simple stroboscope blanc, qui aveugle le public par intermittence. Mieux vaut ne pas être épileptique. Comment, dans ces conditions, retenir un public, maîtriser la scène et le temps ? C'est le secret de DIVE. Soit l'on entre dans l'univers de l'artiste, soit l'on ressort de la salle les larmes aux yeux tant le spectacle est aveuglant. J'apprécie aléatoirement les concerts de DIVE. Celui-ci fut l'un de mes deux coups de coeur du festival. Un vrai chef d'oeuvre.

Agonoize

AGONOIZE, voici un groupe qui divise. Comment combattre les clichés qui entourent cette scène si les artistes qui se produisent nous offrent un bain de sang et de liquide séminal ? C'est pourtant la recette principale des concerts d'AGONOIZE, qui, depuis sa création en 2004, n'a jamais eu autant de succès. Le groupe n'a pourtant pas sorti d'album depuis 2009, ne se produit le plus souvent qu'à deux sur scène et rencontre ce soir-là quelques difficultés techniques. Une nouvelle pompe défaillante, un nouveau technicien lumière un peu fébrile, un son défectueux dû aux bâches installées sur les baffles pour éviter d'y répandre du sang... Cela n'empêche pas le groupe de faire salle comble. Entre deux tubes efficaces, quelques paroles restent en tête et nous rappelle le sérieux du projet. Certains morceaux ont été ajoutés à la setlist, comme "Kind der Nacht". Cependant, l'absence de Lisa Vandalism, qui réalise habituellement une performance remarquée sur ce titre, fait redescendre l'enthousiasme.

Pouppée Fabrikk

La dernière fois que VerdamMnis a couvert un concert de POUPPEE FABRIKK, c'était au BIMFEST 2011. La comparaison s'arrête là. Le groupe d'EBM suédois a totalement changé de line-up. Comptant habituellement deux synthétiseurs, une guitare et l'accompagnement vocal de Stefan Nillson de SPETSNAZ, le groupe se présente seulement à deux lors de l'E-Tropolis. Leif Holm, accompagné d'un simple synthétiseur analogique, ne tremble pas tout au long du set. Henrik Björkk, lui, remue comme une pile électrique. Ses allers-retours se finissent rapidement en bains de foule qui lui valent quelques remontrances de la sécurité. Ni une ni deux, le chanteur fait demi-tour et tente de sauter sur scène... raté. Peu importent les hématomes, l'énergie d'Henrik Björkk n'est jamais entamée. C'est un son lourd et dense que nous offre de nouveau cette seconde scène, auquel le public réagit positivement. Les pogos repartent de plus belle.

Hocico

Ce n'est pas avec Rasco Agroyam que se présente Erk Aicrag ce soir-là, mais bien avec Grigory Feil, son acolyte de RABIA SORDA. Si l'on commence à douter du groupe qui monte sur scène durant l'introduction aux airs d'opéra, c'est bien le son hard-electro d'HOCICO qui enflamme littéralement la grande salle de la Turbinenhalle. Une effervescence rarement égalée. Le public répond à chaque sollicitation de Erk, qui ne compte plus les calories perdues. Le groupe s'impose comme l'un des piliers de la scène electro-indus. Néanmoins, dans le pit photo, c'est un son déchirant qui nous parvient. Les voix sont saturées, au point de ne plus les entendre. Pour deviner les morceaux joués, il faut donc se frayer un chemin vers le fond de la pièce.

Rotersand

Un peu de légèreté s'empare de la petite scène avec le groupe allemand de Future-Pop ROTERSAND. Le groupe s'essaye à de nouveaux sets live ces derniers temps, ce qui n'est pas pour déplaire à leur public. Le duo est au rendez-vous, autant musicalement que visuellement. Pourtant face à HOCICO, le groupe remporte l'unanimité du public, et cette salle qui se remplit, se remplit... C'est d'humeur plus que radieuse qu'il faut quitter la salle le temps d'une interview.

Suicide Commando

Le deuxième coup de coeur de la journée revient à SUICIDE COMMANDO. Il y en a pourtant eu, des lives de ce trio van Roy/Schmidt/Vaerewijck. Difficile de surprendre après tant d'années à jouer ensemble. Pourtant, ce soir-là à l'E-Tropolis 2014, la magie s'est invitée sur scène. Plus tôt dans la journée, on avait cru à une erreur de casting. SUICIDE COMMANDO, sur la petite scène ? Et ce que nous redoutions se produisit : il fallait arriver longtemps, très longtemps avant le début du concert pour pouvoir entrer dans la salle. Ceux qui souhaitaient rester à APOPTYGMA BERZERK avant de rejoindre la petite scène se sont vu fermer la porte au nez, sans autre forme de procès. Le concert était complet avant même d'avoir débuté. Pendant les balances, on perçoit déjà à quelle sauce on va être mangé : de la batterie, de la batterie, encore plus de batterie. Le son est tellement puissant qu'il fait trembler tous les corps. C'est cette batterie lancinante et si bien maîtrisée par Mario Vaerewijck qui donne l'impulsion à tout le concert. Johan van Roy, plus vivant que jamais, offre un concert mémorable malgré quelques difficultés techniques, allant parfois prendre la température au sein de son public. Une ambiance dont il est rare d'être témoin.

Die Krupps

Seize ans. C'est la durée qui sépare les deux derniers albums de DIE KRUPPS. Rares sont les têtes d'affiche de festival aussi attendues que l'était DIE KRUPPS en ce samedi soir. Pourtant, victime du succès de SUICIDE COMMANDO sur l'autre scène, c'est un public déjà clairsemé qui répond présent dans la grande salle. Le groupe est néanmoins accueilli comme il se doit et joue le set le plus attendu de leur carrière. On est toujours ravi d'entendre les vieux morceaux, et conquis par l'interprétation des nouveaux. Le son est maîtrisé à la perfection. Seul groupe utilisant des guitares lors du festival, DIE KRUPPS marque sa différence. Une heure et demi de pure musique industrielle au beau milieu de la Ruhrgebiet. On regrette qu'à cette heure-là de la nuit, après une journée virevoltante, les jambes n'aient pu nous porter plus loin. La fatigue se faisant ressentir, beaucoup ont quitté le festival avant le fin du set, tandis que les plus vaillants ont enchaîné avec l'afterparty.