Top 5 des albums de KORN

Pierre Sopor 28 octobre 2016

Ça ne devrait pas vous avoir échappé, tant on en a déjà parlé : KORN a ressorti un album la semaine dernière, The Serenity Of Suffering. Un disque sympathique mais pas forcément indispensable, sur lequel notre chronique revient plus en détail. L'occasion était donc idéale pour jeter un regard en arrière et dresser un petit top 5 de leurs bébés, en toute subjectivité bien entendu. Et je vois d'ici le barbu au fond brailler un "c'était mieux avant, les cinq meilleurs c'est les cinq premiers" de mauvaise foi, ce à quoi je me ferais un plaisir de répondre, avec autant de mauvaise foi : "tu es fou, l'ami ! Life Is Peachy est bordélique et Untouchables est chiant et dégoulinant de partout !". 

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C'est parti.

5) The Path of Totality



Hein ? KORN qui fait pouêt-pouêt avec SKRILLEX pour avoir l'air jeune ? Scandale ! On est en 2011, et dans le genre idée de merde METALLICA et LOU REED ont déjà battu tous les records avec Lulu, l'album de la honte. De ce point de vue, aller faire pouêt-pouêt avec les nouvelles idoles des jeunes pour attirer un peu l'attention, ça paraît innocent. Mais si l'on va au-delà de nos postures outrées par principe, ainsi que l'aversion (légitime) envers cet incompréhensible capharnaüm que notre jeunesse désoeuvrée a baptisé "dubstep", The Path Of Totality est une véritable renaissance pour KORN. Les californiens venaient d'enchaîner un album tellement inutile que personne n'a jugé bon de lui donner un titre, et le risible Remember Who You Are où Davis et ses copains remettaient des survêt' Adidas pour faire croire qu'ils avaient la patate. Bref, KORN était fini et faisait marrer tout le monde.
Et puis, avec une poignée d'artistes de la scène dubstep, leur son a retrouvé un second souffle, tout en satisfaisant les envies du groupe d'expérimenter de nouvelles choses. Mieux encore : KORN, des années après leurs débuts, surfaient de nouveau sur une mode. Commercialement, c'est malin. Mais surtout, et c'est le principal, les garçons de Bakersfield se sont refaits une santé sur scène après leur annulation capricieuse au Hellfest en 2007 qui leur avait valu d'être boudés par la France. Davis s'est remis en forme et le retour dans le set de vieux titres indispensables a fini de convaincre les vieux nostalgiques. Bref, une seconde jeunesse après 20 ans de carrière. Pas mal.

4) Issues



Oeuvre culte d'une époque, Issues est un symbole, iconisé par cette poupée qui trône sur sa pochette. Suite de Follow The Leader, Issues amène KORN vers des ambiances particulièrement malsaines (l'enchaînement Am I Going Crazy - Hey Daddy), alors que leur son s'alourdit encore. Mais surtout, les progrès de Jonathan Davis au chant sont flagrants, ce qui lui permet d'oser des lignes de chant plus travaillées et surprenantes (Falling Away From Me, dont la mélodie résonne encore dans nos tympans, Somebody Someone). De Issues, on retient surtout cette atmosphère dépressive et hantée qui nous saisit dès l'introduction avec Dead et ne nous lâche pas, nous tirant vers le bas jusqu'à la cauchemardesque Dirty.

3) Follow The Leader



Probablement leur album le plus célèbre. Ces gamins qui jouent à la marelle au bout d'une falaise, toute une génération les a vus. It's On, Freak On A Leash, Got The Life, Dead Bodies Everywhere, etc, etc... Follow The Leader fourmille de hits qui ont fait exploser un genre et sont devenus des classiques. L'album a aussi des guests sympa : ICE-T et un certain tatoueur qui a décidé de copier KORN et d'appeler ça LIMP BIZKIT viennent y poser leur voix. On retrouve dans Follow The Leader la folie qui se dégageait de leurs deux premiers albums, mais cette folie est plus canalisée, plus maîtrisée. Bref, KORN a appris à faire des singles efficaces et a trouvé son chemin vers les têtes de gondoles des supermarchés !

2) See You On The Other Side



Ah ! Si, il est très bien ce disque ! Replaçons-le dans un contexte, voulez-vous ? On est au milieu des années 2000. KORN commence à appartenir un peu au passé, mais pas encore totalement. Il y a eu l'ennuyeux Untouchables, qui a cartonné et est devenu culte pour d'obscures raisons, suivi d'un Take A Look In The Mirror trop gras, trop sucré ET trop salé dans lequel les californiens essayaient de montrer à quel point ils étaient très forts en cassant des télés dans un clip débilos. L'album n'est pas dégueu, au contraire, mais tout ça est un peu bas de front, et ça commence à sentir le pas frais du côté de KORN, d'autant plus que Head remballe ses tresses et quitte le groupe. Et là sort See You On The Other Side, avec ses morceaux quasi pop, ses aspirations industrielles, ses ambiances démentes et le jeu de batterie de David Silveria à son sommet (d'ailleurs, il a quitté le groupe après... Comme quoi, une fois tout en haut il ne reste plus qu'à se péter la gueule). Malgré un clip second degré (Twisted Transistor), l'album suinte de noirceur et de désespoir et est probablement encore aujourd'hui le plus hanté, avec ses bruits bizarres, son jeu sur la stéréo en intro et outro de certains titres et ses cornemuses fantomatiques. On retient aussi l'émotion que Davis insuffle à son chant lors de passages épiques, sur Seen It All ou Open Up. Avec son identité forte et son envie de se démarquer de leur image de groupe pour ado, KORN a sorti en 2005 son dernier grand album. Et ouais.

1) Korn



On est au début des années 90 et y'a cinq mecs aux cheveux encore plus crades que Kurt Cobain qui font même pas l'effort de s'habiller correctement qui débarquent, font un truc qui ressemble à rien, une espèce de funk qui sonne comme du metal, avec un peu de hip-hop dedans. Pire que ça, le chanteur est un drôle de gars à l'air louche qui joue de la cornemuse et grogne des onomatopées que personne ne comprend. Clairement, eux, ils devaient pas trouver grand monde pour les accompagner au bal de promo. Bref, KORN est né et vient de lancer une mode qui va faire vendre des paquets de tee shirts à des lycéens au regard vide au cours de la décennie à venir. Korn est un album incohérent, fou, brutal, dense, puissant, rempli de rage et de frustration. On y parle drogues et enfances brisées. Des titres comme Faget ou Daddy nous sont crachés à la gueule, Shoot And Ladders se la joue comptine psychotique et Blind, en empruntant son intro à Too Many Puppies de PRIMUS, devient un indispensable. Le disque est sale et radical, sincère et glauque, sans calcul ni semblant. Comme d'autres oeuvres de la même époque (The Downward Spiral de NINE INCH NAILS ou Antichrist Superstar de MARILYN MANSON par exemple), il donne lieu à son paquet de légendes urbaines. Bref, il fascine et devient une oeuvre culte.