Amphi Festival 2014 - Jour 1 @ Cologne (DE) - 26 juillet 2014

Amphi Festival 2014 - Jour 1 @ Cologne (DE) - 26 juillet 2014

Cécile Hautefeuille 26 juillet 2014 Cécile Hautefeuille

The Juggernauts

Le groupe qui fit l'ouverture du festival sur la grande scène fut étonnamment THE JUGGERNAUTS. Surprenant, car si la formation est assez récente (fin 2010), les musiciens, eux, sont confirmés. Side-project du belge Peter Mastbooms (THE KLINIK) et accompagné de Glenn Keteleer, THE JUGGERNAUTS garde son jus d'EBM oldschool auquel s'ajoute des sons plus modernes. Sur scène, le duo ne manque pas d'énergie et offre une superbe entrée en matière. Le public a répondu présent : peu d'éditions de l'Amphi Festival ont débuté à midi avec autant d'audience.

Phosgore

Un petit quart d'heure plus tard se produisait PHOSGORE dans la Staatenhaus. Le festival a voulu marquer le coup cette année en programmant des groupes aux rythmes frénétiques dès le début de journée. Les diplômés de danse industrielle ont déjà envahi la salle. Le groupe fait une entrée très visuelle, affublé de costumes mortuaires, accompagné d'un fond sonore dramatique et d'une voix caverneuse annonçant les hostilités. Ce sera malheureusement le seul effet visuel du concert, plus concentré sur le son et la rythmique que sur le spectacle vivant.

She Past Away

Revenons un peu au calme sur la grande scène avec SHE PAST AWAY. Le groupe de dark-wave turc s'est fait en quelques années une excellente réputation, passant pour l'un des meilleurs actes du moment. Pourtant, le dernier concert auquel Verdammnis avait assisté au Summer Darkness 2013 n'avait pas été des plus convaincants. Le groupe était arrivé en retard, sans préparation ni balances, et leur stress s'était énormément ressenti sur scène. Cette année, le stress s'est évanoui pour laisser place au spectacle. Le groupe est plus généreux, tout en conservant leur rôle de dépressifs modérés. Le concert est très apprécié mais il reste difficile d'accrocher à cette ambiance en live. C'est une musique qu'il fait bon écouter au calme dans des moments de nostalgie.

Centhron

Pendant ce temps, la Staatenhaus poursuit dans les sons très lourds avec la formation allemande CENTHRON. Le groupe, à mi-chemin entre l'electro et le metal, donne toute son agressivité dans son set. Leur visuel impressionnant semble malheureusement masquer la faiblesse musicale du groupe. Un concert en demi-teinte.

Clan Of Xymox

Dans le même registre que SHE PAST AWAY, les mythiques CLAN OF XYMOX font leur apparition sur la grande scène à... 13h50? Si le groupe ne joue plus les têtes d'affiche des gros festivals depuis quelques années, il est tout de même surprenant de les voir jouer aussi tôt. Il est des groupes où la magie opère sans que cela reste explicable. CLAN OF XYMOX est l'un de ces groupes, qui, après 31ans de carrière, joue et rejoue les mêmes morceaux sans que l'on puisse sans lasser, Mojca affichant toujours son sourire. Rien d'étonnant dans la setlist donc, entre "In Love we Trust", "Emily" et "Louise". A cette heure de la journée, le set fu très court. Même "Jasmine & Rose" attendra une prochaine fois.

The Neon Judgement

Restons dans le mythe avec THE NEON JUDGEMENT. Les deux comparses, fidèles à eux-mêmes, jouent avec les émotions du public. Entre un Dirk Da Davo un coup lunatique un coup extatique, et TB Frank, dans sa bulle, toujours indifférent au reste du monde, la clope au bec, les mimiques rappelant celles de Gainsbarre. Un set tout à fait typique de THE NEON JUDGEMENT, en somme.

Lord Of The Lost

Sur la grande scène, c'est LORD OF THE LOST qui se prépare. Il y a deux ans, ce groupe faisait l'ouverture du festival, et les voilà aujourd'hui propulsés après CLAN OF XYMOX. LORD OF THE LOST est l'étoile montante de la scène gothic-rock actuelle. Peinturlurés des pieds à la tête, accessoirisés sans modération, le groupe déroule son set sans fausse note, ni musicale ni esthétique. Chacun des membres aime à créer la confusion entre androgynie et virilité, devenant les coqueluches de toutes les jeunes filles en fleurs. Effet de mode ou début d'une carrière pérenne, seul le temps le dira.

Zeromancer

Autre groupe qui fait tomber les filles, les norvégiens de ZEROMANCER s'installent sur la scène de la Staatenhaus. Cet electro-pop-rock sucré fait recette, les premiers rangs commencent à chanter en choeur avec le groupe. Le chanteur Alex Møklebust apporte toujours son dynamisme mais malgré la bonne ambiance, le show reste le même que les années précédentes. Pas de nouvelles romances.

Corvus Corax

On change complètement d'ambiance pour retrouver l'ensemble dark-folk CORVUS CORAX. Le groupe est un spectacle en lui-même avant même que la musique retentisse. Un décor foisonnant, une dizaine de musiciens galopant sur scène, CORVUS CORAX impose son univers. Leur musique tranche avec le reste : on aime ou on déteste. A l'Amphi, CORVUS CORAX obtient cependant toujours les faveurs du public, et quelle que soit la setlist, les musiciens restent toujours performants et généreux. Ils distribuent la dose d'énergie positive de la journée.

Aesthetic Perfection

Les choses se gâtent avec AESTHETIC PERFECTION. Le groupe est en tournée depuis un long moment et revient tout juste des Etas-Unis où ils ont visiblement tout donné. La fatigue les a peut-être gagnés car c'est un concert moins dynamique qu'à l'accoutumée que le groupe nous offre à l'Amphi. La mise en scène est pauvre et les lumières sont assez mauvaises. Il faut dire que tout au long du festival, le son à la Staatenhaus fut très médiocre, ce qui n'a pas arrangé les affaires du groupe. AESTHETIC PERFECTION reste une valeur sûre, mais l'on ressort tout de même déçu de cette performance.

Hocico

Le premier coup de coeur du festival revient au groupe mexicain HOCICO. Nous les avions laissés à l'E-Tropolis 2014 avec une impression en demi-teinte. Le groupe a su incroyablement se renouveler en peu de temps. La chance a souri au premier groupe de photographes ayant accès au pit photo, puisqu'en guise d'introduction, HOCICO a fait venir un groupe traditionnel mexicain, guitares à la main et sombreros sur la tête, maquillés pour l'occasion de blanc et d'un "666" noir sur le visage. Ils ont interprété la valse traditionnelle "La Llorona" (la Pleureuse), légende mexicaine d'une mystérieuse femme que dont l'en entendrait les pleurs chaque nuit dans le pays. Le son a variablement changé à l'arrivée sur scène de Erk et Racso, qui ont véritablement tout donné sur ce concert. Un très bon souvenir.

Nachtmahr

Des chapeaux mexicains, nous passons aux chapeaux militaires à la Staatenhaus avec les controversés NACHTMAHR. La salle n'est pas encore comble, mais les musiciens sont accueillis par une ovation des plus chaleureuses. Sur cette date, André Steinigen, régulier au sein des concerts de NACHTMAHR, est remplacé par le musicien-live original Massimo Moscato. Le set est assez court mais efficace et percutant. Le show des deux Nachtmahr-girls a quelque peu changé et il commence à faire très chaud sur scène. La salle est finalement remplie pour le final sur la reprise très attendue de Second Decay, "I Hate Berlin". C'est le claviériste Gregor Beyerle qui remplace Fräulein Plastique sur ce featuring. Ayant dû photographier le concert en entier, c'est avec regret que Verdammnis ne peut offrir de photos de BLUTENGEL & THE MONUMENT ENSEMBLE qui se produisaient au même moment sur la grande scène. Un réel regret car le cliché habituellement servi par leur musique était ici sublimé par un orchestre symphonique de grande qualité. Le groupe était en parfaite harmonie vocale avec l'orchestre, et esthétiquement, BLUTENGEL sait toujours mener la danse. Le groupe a su fédérer les festivaliers conquis.

The Klinik

C'est au tour des grands patrons de l'EBM, THE KLINIK, de faire leur entrée. Pourtant, cette fois-ci, la magie n'a pas opéré. L'atmosphère créée par le groupe est toujours oppressante et leur musique est difficile d'accès. Mais lorsqu'on est touché par cette musique, lorsqu'on entre dans ce jardin de ruines, on souhaiterait ne jamais le quitter. Malheureusement, lors de ce set pourtant très honorable, dansant, haletant, vibrant, je n'ai pas su trouver la clef.

Front 242

On pense alors pouvoir se rattraper avec l'autre valeur sûre de l'EBM, les autres belges de FRONT 242, tête d'affiche de la grande scène en ce premier jour de festival. Mais voilà, en plein milieu de la 2è chanson, "Im Rhythmus bleiben", le groupe jette l'éponge. "Désolé, mais c'est impossible, nous ne pouvons pas jouer dans ces conditions". En cause - et nous ne le saurons que le lendemain, la table de mixage du groupe qui a littéralement grillé. Irréparable. Le temps de l'échanger avec le matériel officiel du festival, 45 minutes de sont écoulées. Le couvre-feu des concerts en plein air étant strictement délimité à 22h, le groupe est finalement remonté sur scène mais pour un set de moins de 30 minutes seulement. Juste le temps de rater MIDGE URE, à la Staatenhaus, qui eut pourtant un grand succès. Ce fut le premier groupe du festival pour lequel le public a chanté à tue-tête du début à la fin du set.

Camouflage

A une heure déjà avancée de la soirée, les allemands de CAMOUFLAGE ont pris la relève, pour un concert plutôt enthousiasmant. Il est assez fréquent de rencontrer quelques fausses notes de la part du chanteur Marcus Meyn. Ce ne fut pas le cas ce jour-là. Le groupe de New Wave, qui ne cache pas son influence Depeche-Modienne, a su emporter ses plus vieux fans comme les plus jeunes festivaliers dans le rythme des années 80.

Project Pitchfork

La soirée se termine avec l'entrée, à minuit, de PROJECT PITCHFORK. Il est une malédeiction pour PROJECT PITCHFORK, celle d'être à chaque fois la tête d'affiche de la Staatenhaus. A minuit, après 17 groupes et peu d'hydratation, par 27°C, on est fatigué, le pas lourd, le dos cassé. Difficile de profiter de ce concert pourtant très dynamique. Beaucoup de monde avait déjà déserté la salle après cette longue première journée. Mais les fans, les vrais, et il y en a, restent fidèles au poste. Entre deux morceaux, tout le public se met à chanter leurs gros succès, a cappella, en choeur, pendant plusieurs minutes. Un hommage émouvant qui clôt cette première journée.